Ca commençait pourtant plutôt bien : une première partie au rythme lent mais efficace pour semer une ambiance de mystère et d'instabilité dans la vie trop paisible de ce couple de parents sans grande originalité, venant d'emménager dans leur nouvelle demeure de Ludlow : une bourgade paisible, peut-être même un peu trop. L'attitude décalée de Jud -le voisin- par rapport à son âge; la légende du Simetierre aux d'enfants; le drame de l'infirmerie; les péripéties du chat Church; bref, une impression de quelque chose qui cloche, en se doutant un peu de la localisation du mal sans savoir exactement en quoi il consiste se dégage de la première partie du roman.
Et puis tout ce mystère, cette sensation d'avancer vers un drame en se demandant en quoi il consistera se dénoue de la manière la plus stupide qui soit, exactement comme si quelqu'un se penchait à votre oreille pendant le visionnage d'un film pour y murmurer "Au fait, ils meurent tous à a fin".
Le livre dévoile complètement l'intrigue, qui devient dès lors cousue de fil blanc, hormis de rares rebondissements sans grande importance. On connait la destination, peu importe la route qui y mènera, d'autant plus qu'elle est suivie de la façon la plus linéaire qui soit. Aucun doute que le livre parviendra à ce point, puisque tout est anticipé quelques chapitres avant que les événements majeurs ne se produisent. A la fin de certains chapitres, on nous énonce littéralement : "Ah oui, au fait, untel va mourir". Evidemment, l'effet narratif vise à faire ressentir l'inéluctabilité du destin, et la puissance magique du lieu incriminé, et force est de constater que de ce côté, le pari est plutôt réussi. Mais dès lors que l'on a saisi, presque 300 pages avant la fin, ce qui constituera l'épilogue, le livre tombe des mains..
L'écriture est assez plate, mais fonctionne bien. Les questions rhétoriques utilisées par les personnages deviennent assez grotesques au bout d'un certain temps, tant leur utilisation est fréquente. Les descriptions employées sont efficaces et ne sombrent pas dans un lyrisme exaspérant.
Pour ce qui est de la peur, je me demande où il est encore possible de la trouver dès lors que la tension dramatique s'effondre à la suite des révélations prématurées. Une sensation de léger malaise se fait ressentir durant la première partie, voilà tout..
Stephen King tente une dissertation sur la destinée, la perte brutale d'un être cher et les retranchements dans lesquels l'esprit humain est poussé face à ces situations. Il y parvient à peine, la subtilité s'étant enfuie, emportant avec elle la réflexion. Les fisselles étaient trop grosses pour se laisser prendre au jeu, malgré de bonnes intentions.