Je pourrais vous parler d'homosexualité. Mais la perception du narrateur est beaucoup plus passionnante que les faits. Sa façon d'opposer l'avant et l'après sa découverte sur un personnage qu'il connaissait. Le sujet aurait pu être tout autre. C'est le changement de perception, qui est intéressant. C'est la transposition de cette perception à tout son entourage, qui est intéressante. Un peu comme lorsque l'on apprend un nouveau mot et que l'on n'a de cesse de le replacer dans toutes les conversations. La comparaison facile entre son attitude avec Albertine et celle de Swann avec Odette découle de ce changement de perception. Tout le roman découle de cette perception. Jusqu'au fait que Saint-Loup me manque.

Je pourrais vous parler d'inversion. Mais aussi court soit-il, le passage sur le deuil du narrateur est amené d'une manière excellente. Cet instant où l'on se rend compte. A retardement car avant, avant on ne voulait pas vraiment savoir. La découverte d'une photo, des circonstances d'une photo qui font comprendre que tout n'était pas ce que l'on croyait. Que pour nous rassurer, pour éviter de nous gâcher un plaisir même très immédiat, une personne nous a caché une part de la vérité. Et ce que l'on ressent par rapport à ça. Et les questions que cela amène. Non, ça ne me touche pas de près, je ne vois pas ce que vous voulez dire...

Je pourrais vous parler de pédérastie. Mais la nouvelle brochette de personnages peu exploités jusque là est tellement amusante. Entre les étymologies de Brichot et les citations latines d'un Cottard qui m'a fait penser au roi Loth de Kaamelott, on avait aussi droit au retour des Verdurin et à la (re) découverte d'un salon différent de celui des Guermantes - quoique tout aussi snob avec ses propres critères.

Je pourrais vous parler d'uranisme. Mais je préfère m'attarder sur ce passage qui m'a fait rire, où Proust interpelle le lecteur en se mettant à sa place. Un peu comme un professeur s'apercevant du manque d'attention de ses élèves, il les apostrophe pour les remettre dedans - encore que je n'en avais pas besoin. Occasion pour l'auteur de rire de lui-même en parlant de ses digressions continuelles. Et de finir par demander au lecteur de cesser ses propres digressions pour le laisser reprendre ce récit qui en est plein. Une fois de plus, Proust m'a fait rire.

Je pourrais vous parler de saphisme. Mais je vous dirais simplement qu'une fois de plus, est-ce l'universalité des sujets ou la preuve que l'auteur était en avance sur son temps, j'ai trouvé certains thèmes, certaines réflexions toujours d'actualité. J'ai aimé cette phrase sur "les gens qui rient si fort de ce qu'ils disent, et qui n'est pas drôle, nous dispensent par là, en prenant à leur charge l'hilarité, d'y participer" pour l'avoir parfois vécu - lu. Même les salons, me rappellent parfois certaines conversations dans certains cercles particuliers parfois élitistes sans raisons de l'être.

Alors en avant pour le XXIe siècle !

Ou presque.
Nomenale
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le 8 mars 2014

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Nomenale

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