Dans cette autobiographie riche et décousue (aucun plan ni sous-parties, tout est rédigé d'un seul bloc), les 100 premières pages ne sont pas les plus palpitantes, car si Woody Allen évoque son enfance et sa jeunesse, il le fait de manière partielle et non-linéaire, sans trop s'étendre sur la question.
Surtout, de nombreux noms des vedettes de cette époque sont cités à la volée, et la plupart me sont complètement inconnus (Allen est né en 1935, on a parfois tendance à l'oublier).
En revanche, une fois passés ses débuts en tant que gagman et comedian, lorsqu'on entre dans le vif du sujet (son métier de scénariste et cinéaste), j'ai vraiment dévoré ces mémoires intitulées "A Propos of Nothing".
On pourra tiquer sur la fausse modestie de l'auteur, ses commentaires élogieux au point d'en paraître creux sur la quasi-totalité des acteurs et actrices, les quelques (rares) films expédiés en 5 lignes ; ce livre demeure un vrai bonheur de cinéphile, qui fourmille d'anecdotes, de références et de réflexions passionnantes.
Le style est agréable, très vivant (avec de nombreux termes empruntés au yiddish, rassemblés dans un glossaire final), jalonnés de nombreux traits d'esprit et d'une dérision toute allenienne.
Reste le problème de la longue autojustification, suite aux accusations d'abus sexuel sur sa fille adoptive : ce plaidoyer pro domo prend beaucoup de place et laisse mal à l'aise.
Pourtant, ayant suivi cette affaire de très loin, j'ai lu avec un certain intérêt le récapitulatif des "évènements" - avec une forme de voyeurisme, forcément. Ca reste la version de Woody Allen, forcément sujette à caution, mais son argumentaire apparaît plutôt convaincant.