Soleil vert par Hard_Cover
1999. New York une ville surpeuplée, avec ses 35 millions d'habitants. Conséquence de cette surpopulation : le rationnement en eau et en nourriture des New Yorkais, qui doivent s'entasser dans les logements trop peu nombreux.
Andrew Rusch, policier, se voit charger de l'enquête sur le meurtre de Mike O'Brien. Ce dernier, malgré son statut de caïd du marché noir, avait de nombreuses relations politiques qui s'inquiètent de la raison de son assassinat. C'est une enquête bien peu passionnante que doit mener Rusch, d'autant plus que le policier pense, à raison, que ce n'est qu'une mort accidentelle survenue lors du cambriolage de l'appartement de O'Brien...
Voilà depuis longtemps que je recherchais Soleil vert pour l'ajouter à ma collection. Après avoir lu et aimé – voire adoré – les Ratinox et Prométhée en orbite, il m'était indispensable de lire le plus célèbre des romans de SF d'Harry Harrison. Je m'empressai donc, après avoir acquis l'ouvrage auprès de la Libraire Ys, de me plonger dans le 1999 de Soleil vert.
Je découvris donc un New York surpeuplé, dont la population écrasée par la canicule aoûtienne doit ce satisfaire du peu d'eau et de nourriture artificielle que lui accordent les autorités. Rappelons que Soleil vert a été écrit en 1966. Harrison imagine donc la Grosse Pomme trente ans plus tard. Certes, il s'est un peu trompé, mais transposons ce New York dans... mettons cinquante ans, et on obtient quelque chose de relativement plausible.
D'autant plus qu'Harrison décrit une fin de XXe siècle qui ne nous dépayse pas, technologiquement parlant. Il évoque bien quelques avancées, en matière de génie agroalimentaire en particulier, mais rien ne vient briser la crédibilité de ce futur, même à l'aune du XXIe siècle.
C'est à travers l'existence de trois personnages que l'on découvre toutes les facettes de New York en 1999. Billy Chung est un gamin immigré de Formose (Taïwan) qui vit misérablement, avec sa famille, sur une péniche. Andrew Rusch est un américain moyen, policier, qui vit dans un immeuble où il partage un appartement avec Sol, un vieillard. Et il y a Shirl, la compagne de O'Brien, qui permet à l'auteur d'évoquer la vie des riches, qui ont de l'eau et de la nourriture à volonté parce qu'ils peuvent payer.
Si Harrison réussit dans sa description de New York surpeuplé, il en oublie d'inventer une histoire passionnante. Toutefois, on peut se demander s'il ne le fait pas exprès.
Il fait partager au lecteur la vacuité de l'enquête d'Andrew Rusch. À maintes reprises, il est clairement déclaré que cette dernière est inutile. De plus, le lecteur en connaît parfaitement les aboutissants, puisqu'il connaît dès le début du roman le coupable, les circonstances du meurtre et son mobile – ou plutôt son absence de mobile. Voilà donc le message d'Harrison : mon personnage principal est un policier moyen, qui se voit confier une enquête qui n'a pas d'intérêt, comme n'a pas d'intérêt l'existence de ces millions de New Yorkais qui survivent plus qu'ils ne vivent.
Cette enquête, avance plutôt lentement. Elle piétine jusqu'à la fin de l'année, jusqu'à la fin d'un millénaire. Andrew Rusch ne s'en occupe donc pas à temps plein. Il doit aussi participer à des opérations de sécurité publique, lorsque les gens descendent dans la rue pour des manifestations qui souvent dégénèrent. Car après avoir enduré un été caniculaire, les New Yorkais doivent survivre à un hiver rigoureux, qui génère une hécatombe au sein du troisième âge et des populations mal logées.
Alors certes, Soleil vert a un scénario qui tient sur un post-it, mais quelle horreur que ce New York de 1999 ! Quelle horreur de ce dire qu'il n'est pas si éloigné de notre réalité, ou de celle qui nous attend ! Pour cela, ce roman vaut le détour, même s'il ne comble pas les espérances que produit un classique de science-fiction.