Finalement, j'ai continué avec Son excellence Eugène Rougon, qui m'a semblé un peu moins bon que La Curée (de Paris). J'ai eu un peu peur au début que ce roman annoncé comme politique se fasse bouffer par son intrigue sentimentale, mais non. C'est un prélude. Zola narre bien la mécanique des servilités, leur importance dans les affaires, les coups tordus pour accéder à une place ou à un héritage. Ce qui domine Eugène Rougon n'est pas l'intelligence, elle est passable, et très bornée ! C'est son sentiment de supériorité qui lui fait voir tout le monde médiocre, pour se grandir à côté d'eux, et sert de justification à son mépris et à sa brutalité. Un beau spécimen de bourgeois narcissique dont Zola dit que son désir de gouverner tient plus du besoin de dominer que du partage de ses opinions. Effectivement, à part sa supériorité et ses déclinaisons (autorité forte, mépris des pauvres) Rougon n'a d'opinion sur rien. C'est peut-être ça qui est décevant et si réaliste dans ce livre, derrière la grandeur de la fonction, il y a juste la médiocrité d'un salopard sans âme, ses appétits égotiques et financiers.