La plume est très belle (quoiqu'un peu indigeste à la longue à mon goût) et certains passages sont vraiment émouvants et justes. Le style est littéraire, assurément c’est bien écrit, mais ça ne suffit pas.


Quiconque connait un peu les chiens s’offusquera de cette ode à l’ignorance béate. Une ferme usine y est décrite comme un petit paradis sur terre géré d’une main assurée par une pseudo mère nourricière. Et surtout, surtout, n’essayons pas de comprendre nos chiens ! Non ! Cela nuirait à l’ésotérisme de notre relation… Restons plutôt dans nos petites croyances confortables qui ne reposent sur rien d’autre qu’une espèce de sagesse populaire qui aurait été oubliée. L’auteur, en filigrane, opère sans cesse une distinction entre l’humain•e et le chien, ce dernier représentant une sorte d’animalité fantasmée en comparaison à l’humain•e qui symboliserait une culture devenue dénuée de toute magie. Déjà cette dichotomie est absurde (l’humain•e est un animal, eh oui), ensuite cela l’amène à faire de l’anthropodéni. C’est ballot pour quelqu’un qui écrit un bouquin entier sur son amour des chiens, de son chien. Aimons les mais n’apprenons surtout pas à les connaitre, donc. Restons confortablement installé•es dans nos petits chaussons douillets de croyances et de mythes populaires. Après tout l’auteur le dit lui même, « l’éthologie canine est la science des rabat-joie ». Effectivement l’éthologie ôte sans doute un peu de poésie aux projections que l’on opère sur nos compagnons canins, en revanche elle nous permet de les aimer pour ce qu’ils sont, pas pour ce qu’on pense ou aimerait qu’ils soient. Et elle nous permet surtout de les aider à naviguer au mieux dans ce monde qui leur est bien souvent hostile. Mais encore une fois, M. Sapin-Defour préfère rester dans son mysticisme « mystérieux » plutôt que de se préoccuper des réelles motivations de son chien. Pas étonnant dès lors que prendre soin des dents de son compagnon avec du dentifrice ou tenter de réduire son stress lui paraisse tout à fait incongru…  


Le récit entier se présente comme un hymne appelant à un « retour à la nature », évidemment on n'échappe pas aux sophismes qui vont avec. C'est pénible à lire.

J'arrête ma lecture à environ 40% du livre.

Rie_
4
Écrit par

Créée

le 5 janv. 2024

Critique lue 690 fois

3 j'aime

1 commentaire

Rie_

Écrit par

Critique lue 690 fois

3
1

D'autres avis sur Son odeur après la pluie

Son odeur après la pluie
Philou33
9

Un jour, « de tous les absents tu seras le plus vivace… »

Si vous êtes ailurophile exclusif, passez votre chemin ! Ici on ne parle que de chiens, de chiens et d’hommes. Les deux sont inséparables. Le 13 août 2023 le journal Sud-Ouest Dimanche consacrait une...

le 5 sept. 2023

6 j'aime

3

Son odeur après la pluie
MMB08
2

Un style particulier qui ne convient pas à tout le monde

Malheureusement le style d’écriture ne me correspond pas. Les tournures de phrases sont trop complexes, rendant la lecture difficile. Les détails sont développés à n’en plus finir. La lecture est...

le 30 déc. 2023

3 j'aime

Du même critique

Le Comte de Monte-Cristo
Rie_
2

Edmond Dantes version Shein

Lorsqu'on s'attelle à l'adaptation d'un des monuments de la littérature du 19ème siècle, il est inévitable d'opérer certains ajustements pour le grand écran. Ces modifications, bien que parfois...

Par

le 17 juil. 2024

25 j'aime

1

Portrait de la jeune fille en feu
Rie_
10

« Et amplius non oriri et parva videntur esse, qui neque volare possit »

Portrait de la jeune fille en feu, c’est l’histoire de trois formes de résistance féminine. C'est l’histoire d’une sororité qui se crée dans un espace-temps restreint, où l’on peut s’affranchir des...

Par

le 28 juin 2023

23 j'aime

2

L'Origine du monde
Rie_
10

Cachez cette vulve que je ne saurais voir

Cette BD est une vraie merveille, c’est instructif, c’est bien écrit, c’est révoltant, et le mieux dans tout ça, c’est que c’est incroyablement drôle. Un humour décapant et acerbe, tout pile comme je...

Par

le 28 févr. 2017

21 j'aime