Ma lecture de « Sorcières », de Mona Chollet, remonte à 2018, lors de sa parution. Je réalise, à l’heure où j’écris ces mots, que c’était la première fois que je me plongeais dans un essai féministe. Le titre m’avait plu, je trouvais la couverture superbe et l’idée de réhabiliter la figure de la sorcière me séduisait pas mal. Pour faire court, Chollet entreprend de porter sur les chasses aux sorcières du XVe et XVIe siècle un regard nouveau, sous le prisme du genre. Ces chasses n’auraient-elles pas été la conséquence d’une peur des hommes face à la place grandissante que les femmes occupaient alors dans l’espace social ? Chollet s’attache ensuite à analyser les représentations des sorcières dans ce qu’elles ont de commun et de connoté négativement (marginalité, stérilité, vieillesse) pour mettre en lumière que cette vision des choses n’est que le fruit d’un certain point de vue. La marginalité n’est-elle pas le signe d’une indépendance acquise par une intelligence toujours cultivée ? La stérilité ne renvoie-t-elle pas au choix en réalité libre et éclairé de ne pas avoir d’enfant ? Et la vieillesse, n’est-elle pas synonyme d’expérience et de sagesse ?
Si la démarche est particulièrement intéressante, il faut se rendre à l’évidence : le sujet des sorcières n’est en réalité qu’un prétexte assez rapidement évacué au profit des différents objets de luttes féministes actuelles. D’où ma petite déception sans doute, en refermant ce livre. Néanmoins, ce fut une excellente porte d’entrée pour comprendre les tenants et aboutissants du féminisme aujourd’hui !
Si vous êtes une femme et que vous osez regarder à l’intérieur de vous-même, alors vous êtes une sorcière.
— Manifeste de WITCH.