Michel Houellebecq imagine dans un futur "déjà en marche” (2022) un scénario de politique fiction qui verrait non seulement l'émergence d'un parti musulman - d’abord au coude à coude avec le ps - puis remporter l'élection présidentielle face au FN. l'habileté de Houellebecq consiste essentiellement à trouver un juste équilibre entre ce qu'il choisi de dire et ce qu'il préfère taire. Le mot "soumission” n'apparait qu'aux deux tiers du livre, laissant planer le doute sur sa véritable signification ; tant qu'il n'est pas prononcé, le lecteur imagine (à jute titre) qu'il s'agit de la soumission du peuple français à accepter docilement de remettre les clés du pouvoir à un parti théocratique, musulman qui prône la charia, le patriarcat, la poligamie, tout cela sans la moindre opposition, sans jamais répondre aux interrogations légitimes du lecteur : quid des médias (silencieux !) et de la laÏcité bafouée. “Soumission“ connait un succès immédiat, sans doute amplifié par l’attaque terroriste le jour même de sa sortie contre Charlie Hebdo. Rapidement taxé d’islamophobie alors que la satire est le moteur de son livre qui donne matière à réfléchir et exige de prendre un certain recul, Soumission dérange parce qu’il attire notre attention sur ce qui adviendrait dans notre défiance quasi dogmatique à l’encontre de l’autorité et des traditions pour atteindre une liberté absolue. Réac Houellebecq ? Peut-être mais il s’en fiche royalement, il est écrivain, pas politologue.