On peu reconnaitre à Houellebecq une véritable capacité à mettre (malignement) les pieds dans le plat. Les sujets de ses livres sont en général dérangeants et un brin racoleurs. Ce qui reste intéressant c'est la mise en abime par la suite de ces sujets. Beaucoup de choses passent à la moulinette, beaucoup de sujets, des points de vue qui dessinent en mosaïque une image du présent. Dans le cas de ce livre, les à coté ne sont pas dénués d'intérêt, dont notamment le parallèle avec Huysmans et sa conversion au catholicisme. J'ai apprécié son analyse de l'état général de l'occident, de sa lente et inexorable désagrégation et je renvoie le lecteur de cette petite critique non pas à Zemmour (qui ne m'intéresse pas) mais bien plutôt à des livres comme celui de Jared Diamond "Effondrement" qui traite de l'apogée et de la fin de certaines civilisations. Le besoin forcené du religieux aussi, un besoin à tout prix de dieu est également un sujet qu'il aborde et il faudrait être aveugle ou de très mauvaise foi (haha) pour ne pas le constater au quotidien. Le clivage d'ailleurs se fait de plus en plus souvent entre religieux et athées qu'entre croyants de toutes obédiences. J'ai ris en lisant des passages ou certains personnages publics apparaissent, pauvre Bayrou, moqué et ridiculisé. Certains politologues aussi sont épinglés et c'est plutôt drôle. Les grandes perdantes du livre sont par contre les femmes qui sont les victimes (une fois de plus) collatérales de la névrose Houellebequienne. Elles sont d'ailleurs les premières à se soumettre, sacrifiées sur l'autel du nouvel ordre. Cette première soumission sans coup férir est d'ailleurs une des premières faiblesses du roman,le désir d'échec du féminisme de Houellebecq passant au rouleau compresseur sur la vraisemblance du récit. Le livre n'est pas à proprement parler le brulot islamophobe dont toute la presse parle. Dans les faits tout se passe plutôt bien et le nouveau président musulman est présenté comme un représentant des meilleurs chefs d'état, modéré, visionnaire et propre sur lui. Cependant l'ironie est sous-jacente et pointe par des chemins détournés.
Au niveau de l'écriture je trouve ce livre assez faible (on est loin d'Echenoz et de Jean Rolin) . Ce n'est pas à proprement parler un mauvais livre d'anticipation mais les névroses de Houellebecq prennent souvent le pas sur la vraisemblance, bien que je conçoive que Houellebeck se foute comme d'une gigne de la vraisemblance, que ce n'est tout simplement pas son propos. C'est avant tout à lire comme un livre désespéré, le récit d'un personnage désenchanté, revenu de tout, le frère de Houellebeck sans doute, son frère en fatigue et en désespérance.