Contrairement à certains j'ai lu et très apprécié les précédents romans de M.H. avant de lire celui ci.
"Extension du domaine de la lutte" est un roman qui m'a beaucoup marqué et que je considère toujours comme une de mes livres préférés.
C'est donc pour moi un très grande joie de lire un nouveau roman de M.H.
J'ai retrouvé ce que j'apprécie chez Houellebecq, notamment son humour et ses théories sur des choses anecdotiques du quotidien.
J'ai par exemple aimé la page où il compare la littérature à la musique et à la peinture
Extrait: "Autant que la littérature, la musique peut déterminer un bouleversement, un renversement émotif, une tristesse ou une extase absolues ; autant que la littérature, la peinture peut générer un émerveillement, un regard neuf porté sur le monde. Mais seule la littérature peut vous donner cette sensation de contact avec un autre esprit humain, avec l'intégralité de cet esprit, ses faiblesses et ses grandeurs, ses limitations, ses petitesses, ses idées fixes, ses croyances ; avec tout ce qui l'émeut, l'intéresse, l'excite ou lui répugne. Seule la littérature peut vous permettre d'entrer en contact avec l'esprit d'un mort (...)"
J'ai aussi beaucoup apprécié le passage où il parle de sa "bite" :-)
Extrait: "Mon corps en général était le siège de différentes affections douloureuses – migraines, maladies de peau, maux de dents, hémorroïdes – qui se succédaient sans interruption, ne me laissant pratiquement jamais en paix – et je n'avais que quarante-quatre ans ! Que serait-ce quand j'en aurais cinquante, soixante, davantage !… (...) Ma bite était au fond le seul de mes organes qui ne se soit jamais manifesté à ma conscience par le biais de la douleur, mais par celui de la jouissance. Modeste mais robuste, elle m'avait toujours fidèlement servi – enfin c'était peut-être moi, au contraire, qui étais à son service, l'idée pouvait se soutenir, mais alors sa férule était bien douce : elle ne me donnait jamais d'ordres, elle m'incitait parfois, humblement, sans acrimonie et sans colère, à me mêler davantage à la vie sociale."
En ce qui concerne l'histoire en elle même, je l'ai lu comme une fiction, je ne pense pas que les idées du personnage principal ou la situation politique de la France décrite corresponde aux idées de Houellebecq. Du coup les critiques que j'ai pu lire dans la presse me semblent sans grand fondement.
Si le livre se lit rapidement et facilement, c'est quand même un livre bien en dessous de ses autres romans. Ceux qui ont découvert M.H. avec "Soumission" et qui ont aimé doivent absolument lire les précédents qui sont un gros cran au dessus.
De façon plus anecdotique je trouve dommage que M.H. que l'on présente comme un grand écrivain et qui est traduit dans différentes langues, fasse des références si franco-françaises et si liées à l'actualité depuis son roman précédent (Jean-Pierre Pernaut dans le précédent, ou Bayrou dans Soumission par exemple) Je ne suis pas sûr que pour ses lecteurs à l'étranger cela soit très intéressant, compréhensible et cela risque de mal vieillir.