'Souvenirs de la maison des morts' retrace l'expérience de Dostoïevski dans les camps de travail tsaristes ; en clair : le bagne. Par l'intermédiaire d'un personnage crée de toutes pièces, c'est son histoire que l'auteur fait passer.
Ce qui frappe après avoir achevé ces Souvenirs, c'est la narration de ces longues années d'isolement et de travaux forcés. Il y a un début et une fin, mais pour tout ce qui est au milieu, le récit est précis mais n'insiste pas sur des critères linéaires. On suit les pensées de Dostoïevski au fil de sa plume, sans vraiment d'élément conducteur. L’hôpital du bagne, les animaux qui vivent parmi les prisonniers, les relations avec les supérieurs, etc. : tout y passe mais sans jamais ennuyer. A tel point qu'on reste surpris par la libération finale du personnage principal, comme si ces années étaient passées sans que l'on s'en soit rendu compte.

Pour parler du contenu, je dirai que c'est peut être le livre le plus triste que j'ai pu lire. Pas pour le style évidemment, c'est un régal comme d'habitude. Le livre est triste pour les thèmes qu'il aborde. Le premier est évidemment celui de l'enfermement. Comment raconter des milliers de jours et leurs effets psychologiques sur le narrateur ? Dostoïevski parle de cet état d'esprit : compter chaque jour, même s'il en reste neuf cents quatre-vingt dix neuf autres derrières par exemple. Une phrase m'a aussi interpelé : le fait de ne jamais pouvoir être seul durant toutes les années de bagne. Les prisonniers ne sont jamais seuls et n'ont pour ainsi dire aucune intimité.
Pourtant, la solitude traverse le personnage principal. Noble à l'extérieur, dans la vie 'réelle', il espérait se fondre dans la masse égalitaire des forçats. Sans succès car il y a une nette séparation entre les gens du peuple et la noblesse, paradoxalement moquée par le respect qu'elle impose.

Un autre thème, probablement le plus important, est celui du châtiment. Aucun des prisonniers ne regrette les actes qui l'ont amené au bagne. Dostoïevski insiste sur ce point là, décrivant le manque total de remords des forçats par rapport à leur crime. On reste aussi médusé devant les descriptions des châtiments corporels des prisonniers coupables de graves fautes, certains y laissant leur vie. Le fait de recevoir des milliers de coups de baguettes dans le dos est méthodiquement décrit et s'y rajoutent les expressions des bourreaux. Comme le dit la préface du livre, le sens administratif du châtiment est poussé au maximum au bagne tsariste.

En clair, c'est une lecture étonnamment facile (parce que ça n'avait pas l'air plus réjouissant que ça) et pourtant d'une tristesse rare. La libération du personnage principal intervient à la toute fin du livre et cette conclusion optimiste et magnifique contraste à merveille avec l'enfer des Souvenirs de la Maison des Morts.

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le 24 mars 2013

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