Je pensais que La Vie d'Adèle me réconcilierait définitivement avec les Palmes d'Or des années 2010, afin de remonter une moyenne plus que basse de ce côté là. Le 7.7 de moyenne sur le site me faisait saliver, espérant tenir par là un bon coup de cœur de 2013.

Au final, trois heures de pas grand chose. La vie d'Adèle s'étire sous nos yeux, de sa première littéraire à son boulot d'institutrice, jalonnée par ses errances amoureuses et les découvertes qui en découlent. Étrangement, on ne s'ennuie pas : Kechiche réussit à intriguer par les aspects quotidiens de la vie de son héroïne, entre papotages au lycée et éducation d'enfants en bas âge. Disons que trois heures, c'est trop long pour réussir à captiver pendant tout ce temps, surtout que j'ai eu la désagréable impression de tourner en rond pour arriver nulle part. Alors c'est sûr, c'est très fidèle à la vie que pourrait mener une jeune fille réelle, qui cherche encore sa sexualité, inhibée par les résistances sociales autour d'elle (ses amies de lycée, ses parents...). Le film sort idéalement alors que les médias se fascinent à outrance pour ce qui touche de près ou de loin à l'homosexualité et s'en font les portes-parole à l'excès (ce qui fera d'ailleurs sortir Christine Boutin de ses gonds, accusant le jury de Cannes de partialité quant au choix de la Palme d'Or, mais bon, sur ce coup là, elle aurait tout aussi bien pu se taire que le sort du monde n'en aurait pas été chamboulé...).

Le film a évidemment fait parler de lui aussi pour le traitement violent imposé par Kechiche aux acteurs et aux techniciens. La non-moins médiatique Léa Seydoux, tête bleue d'affiche du film, s'est répandue en critiques acerbes contre son réalisateur, à grands coups de "Lèche sa morve !" à qui veut bien l'entendre. De réponses en réponses, Kechiche lâche que cette campagne de plombage du film est savamment orchestrée par des gens qui étaient bien contents de monter recevoir le prix à Cannes. Finalement, les gens seront sans doute vilement curieux d'aller voir un film où les petits techniciens et les actrices se sont faits violenter pendant des semaines.
Alors par contre, il faut parler des réactions dans la salle au moment des scènes de sexe. Des murmures à peu près partout, gênés et clairement indiscrets... Bon faut dire que Kechiche n'y va pas avec le dos de la cuillère dans ces moments là mais bon... Disons que les gens qui faisaient des commentaires à ces moments là n'étaient pas forcément les gros lourdauds venus voir le film juste pour se rincer l’œil sur des scènes lesbiennes...

A forcer de parler du côté extra-filmique de La Vie d'Adèle, j'en oublierai presque qu'il m'a profondément ennuyé dans le sens où il sue la suffisance et la prétention. Incroyable, les personnages citent Les liaisons dangereuses, qu'ils sont cultivés ! Il y a même parfois de la philosophie, et de terminale L s'il vous plait, préparez vos mouchoirs, vous allez saigner du nez devant tant de réflexion. Et quand ça se met à citer Sartre, on atteint le pinacle de l'intellectualisme et du maniérisme le plus primaire. Les scènes dans les milieux artistiques gravitant autour d'Emma sont d'une bêtise sans nom et m'ont dégoûté comme rarement. Le personnage d'Emma, parlons-en d'ailleurs : elle est censé être l'alter ego d'Adèle, celle par qui le couple comme le film trouve son aboutissement parfait. Au final, leur histoire d'amour est plutôt poignante, c'est vrai, mais tout est fait pour rendre le personnage de Seydoux emmerdante avec ses prétentions de bobo-artiste tellement stéréotypées. La vacuité de la moitié de ses dialogues est abyssale et heureusement que ce personnage n'existe clairement pas sans celui d'Adèle. Là où Léa Seydoux n'est guère convaincante (sa crise de colère est horriblement jouée), Adèle Exarchopoulos tient haut la barre du talent précoce. Certes, elle est un peu trop pitoyablement larmoyante à certains moments, mais le fait est que c'est elle qui sauve le casting. Kechiche ne s'y trompe pas et filme à l'envi ses dents et son cul quand elle dort...

Pour conclure, je dirai que le film, s'il n'est pas anecdotique, l'est sans doute pour décrocher un trophée comme la Palme d'Or. L'ambiance intimiste et réaliste de Kechiche ne masque pas les nombreuses longueurs du film, meublées par des dialogues trop barbants pour les supporter plus d'une minute. Grosse satisfaction pour Adèle Exarchopoulos en revanche.

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le 5 oct. 2013

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Pariston

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