Un bon roman de SF est, pour moi, un roman qui ouvre l'imaginaire sur des questions que l'on avait imaginé ou que l'on aurait pu imaginer ; mais en utilisant des moyens que l'on aurait pas envisagé.
Spin est donc un très bon livre de SF. L'idée de base est à la fois simple et géniale : une membrane temporelle (le Spin) enveloppe brutalement la terre, nous maintenant avec un écoulement du temps normal pendant que tout ce qui se passe en dehors accélère. En gros, c'est comme si la terre devenait la planète Miller dans Interstellar : chaque seconde qui passe ici correspond à des années en dehors de la membrane.
A partir de là, on voit la finitude de notre soleil et donc de notre planète approcher à grand pas. J'imaginais alors une multitude de scénario possible à partir de là (et on voit donc que c'est bien une grande idée de SF), notamment une métaphore sur le réchauffement climatique ou une description d'une société sombrant dans le chaos. Rien de tout cela ici. Robert Charles Wilson va plutôt s'intéresser à ce que ce changement de paradigme fait vivre à 3 adolescents que l'on va suivre sur 2 axes temporels : un autour de l'arrivée du Spin et des années qui suivent et l'autre au moment où les 3 protagonistes sont devenus adultes, des milliards d'années après la naissance de notre civilisation.
C'est assez désarçonnant de ne pas avoir une focale plus importante sur le devenir de l'humanité entière vu le point de départ scénaristique, mais c'est finalement assez intéressant de suivre 3 personnages et ce qu'ils vivent face à ce changement. Même si les personnages sont assez inégaux et que le narrateur aurait mérité un peu plus de profondeur et de compléxité.
Au final, j'ai bien aimé le bouquin surtout parce que la question de base m'a vraiment emporté, et qu'il y a quelques trouvailles très intéressante et superbement exploitées (Mars!). J'ai été un peu surpris de la façon d'y répondre choisi par l'auteur, en particulier par ce traitement au prisme des personnages auprès desquels j'ai eu un peu de mal à m'attacher. La même idée traité de manière un peu moins intimiste en aurait vraiment fait un chef d’œuvre pour moi. Là, c'est juste un bon bouquin de SF.