Je ne sais pas pourquoi, je ne crois qu'une fois sur deux aux romans de SF à la 1e personne. Je préfère largement un narrateur omniscient.
Ici, on suit Tyler Dupree, un médecin qui est l'ami d'enfance de deux jumeaux, Diane et Jason, fils d'un magnat de l'aéronautique. Ce dernier devient très puissant le jour où les étoiles disparaissent, et où la Terre est recouverte d'une mystérieuse membrane, qui laisse quand même passer le soleil, et des espèces de parallélépipèdes en métal apparaissent aux pôles, où en théorie rien ne peut tenir en vol géostationnaire. On découvre vite qu'à l'extérieur de cette membrane, le temps court à toute vitesse (1 seconde = 2, 5 ans). La Terre avance donc bien plus vite vers l'âge où le soleil, devenu une géante rouge, rendra la vie impossible.
En parallèle, on suit dans le futur la fuite mystérieuse de Diane et Tyler d'un régime autoritaire de Thaïlande. Ils ont suivi un mystérieux traitement.
La trame continue : profitant de cette anomalie incroyable, les Terriens décident de terraformer et coloniser Mars. Mais leur nouvelle colonie, après 100 000 ans d'évolution (quelques années), est aussi recouverte d'une membrane. Un Martien parvient tout de même à arriver sur Terre, avec le savoir encyclopédique de Mars. Jason, en lutte avec son père pour le contrôle du consortium aérospatial Périhélie et atteint de la sclérose en plaque avancée, subit un traitement martien "4e âge" reconfigurant son ADN pour le soigner. Pendant ce temps, Diane, dont Tyler est profondément amoureux même s'il se refuse à l'admettre, est partie avec un évangéliste, Simon, qui suit l'Eglise du Nouveau Royaume. Atteinte par une grave maladie, alors que la membrane spin disparaît quelques jours, elle est sauvée par Tyler qui lui fait subir à son tour le traitement 4e âge. On apprend enfin que la membrane est revenue : elle s'est évanouie le temps de laisser passer l'Anneau, une sorte de porte des étoiles à cheval dans le Pacifique, qui mène à une mystérieuse autre planète. Quant à Jason, il a réussi à prendre contact avec les Hypothétiques, nom donné aux mystérieux créateurs de la membrane, et qui semblent être une sorte de mémoire collective passant par des récepteurs comme Jason en devient un avant de mourir.
On quitte Diane et Tyler, accompagné d'un sympathique petit Minangkabau, alors qu'ils viennent de passer la porte.
Vendre cette série comme une révolution relève de l'escroquerie pure et simple. Que "Neuromancien" soit une révolution, aucun problème, mais en lisant "Spin", j'avais l'impression de suivre un classique de Clifford Simak. Je trouve que le livre traine un peu et fait "écrit" : on s'attarde longuement sur les relations de Tyler et Diane alors qu'on a vite compris de quoi il retournait. C'est bien de donner de l'épaisseur réaliste, mais quand d'un autre côté on introduit des éléments aussi étranges que la membrane ou l'Anneau, il faut être sûr de bien équilibrer pour marier tout cela. Certains motifs sont introduits de manière assez voyante (le SDCP que Diane va contracter et dont parle une patiente hypocondriaque de Tyler...), et les délires du Nouveau Royaume sur la signification théologique de la membrane m'ont copieusement ennuyé. Je trouve la SF de Wilson un peu trop américanocentrée, là où des classiques comme Clarke ou SImak arrivent à lui donner une portée universelle. Là, j'ai plus l'impression de suivre un téléfilm, d'autant que l'écriture est assez passe-partout. Pas de grandes envolées.