Dans le métro, j’ai honte. La nana en face de moi lit un truc intitulé Les Gratitudes. J’ai l’air de quoi avec mon Spinoza encule Hegel ? J’ai l’air d’un Spinoziste entouré d’Hégéliens et, par Baruch !, ça me va très bien.
Après le « grand merdier » qui mit fin au monde, restent onze Spinozistes et une quantité comparable d’Hégéliens. Julius, le héros, un spinoziste qui porte des bottes en lézard mauve, estime que les Hégéliens, c’est rien qu’une « bande putrescente d’intellos venant de la Haute pourrie, sentencieuse ». Les deux bandes cherchent à se pulvériser la face près du Pont du Gard.
Petit détail amusant : à la télévision, l’an dernier, j’ai entendu un Monsieur important – comment s’appelle-t-il déjà ? – conseiller à un jeune homme lunetteux de lire La phénoménologie de l’Esprit, un classique de Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Si Julius avait vu ça, sur France 3, il aurait crié : « Les Hégéliens, y’en a vraiment marre ! Ça va chier pour leurs poires ! »
Comment s’appelait ce Monsieur important qui passait sur France 3 ? Aidez-moi, ce Monsieur est président de la République de France, il a un chien nommé Nemo, une femme nommée Brigitte, et quand Notre-Dame de Paris brûle, il est triste ; bref, ce Monsieur dont j’ai oublié le nom – c’est quelqu’un pourtant – a certes raté le concours de l’Ecole normale supérieure, mais il a fait un mémoire sur la notion d’intérêt général chez Georg Wilhelm Friedrich Hegel. De quoi rendre fou notre Julius qui a prévenu : si les Hégéliens continuent de semer la tristesse infinie, il se pourrait que les Spinozistes se réunissent aux Halles de Pantin, déclarent ouverte la Foire aux atrocités, défèquent dans les entrepôts du BHV et repeignent le Sacré Cœur en rose. Et Pouy si ça vous plait pas, allez vous faire en… Encapuchonner ? Encaustiquer ?
Récemment, Benoit XVI, pour qui j’avais une certaine estime, a fait savoir que bon, après mûre réflexion, le vrai problème, c’était Mai 68… Pauvre petit Mai 68 : pendant quarante ans, on l’a traité de pseudo révolution qui n’avait enfanté que des attardés - soixante-huitards, les attardés – mais depuis vingt ans, la pseudo révolution s’est révélée une vraie catastrophe coupable de l’ultrafinance, l’ultrapédophilie et de l’ultranullité des enfants en orthographe. Moi, discipliné, je crie : « Mai 68, va niquer ta mère ! » et je crie et je crie, je finis la voix cassée et j’ai plus qu’à lire Spinoza encule Hegel qui est un livre, oh le vilain, qui aime follement Mai 68 et qui respecte encore plus la concordance des temps et les imparfaits du subjonctif : « Il aurait fallu que je sodomisasse tout être m’accusant de plagiat » répond l’auteur aux hégéliens qui le soupçonnent d’avoir copié sur Mad Max.