Mieux vaut Tarkin que jamais

Je le dis a chaque fois : James Luceno est avec Timothy Zahn celui qui a écrit les meilleurs livres de l'UE. Après avoir œuvré sur la période pré-épisode III et sur le cas de Palpatine et de son maitre avec succès, il s'attelle a un des personnages les plus intéressants et pourtant les moins développé dans l'univers de Star Wars, a savoir Wilhuff Tarkin. Lui qui sait si bien synthétiser l'ensemble des sources de l'UE pour en faire un tout cohérent semblait avoir un champ d'action parfait avec un tel personnage.
Et pourtant, le résultat n'est qu'assez peu convaincant.

La faute n'en incombe pas complètement a Luceno. Il y a un problème d'articulation entre Tarkin tel qu'il apparait dans l’épisode IV, le grand Moff autoritaire derrière la doctrine Impériale a laquelle il a donné son nom, et le capitaine de vaisseau vindicatif présent dans les Clone Wars. Luceno tente de joindre les deux mais le gouffre est grand et il lui est difficile d'opérer la jonction de manière tout à fait crédible.

Le résultat n'est pas aidé par ses propres ajouts et sa caractérisation des personnages secondaires.
Le livre se concentre sur deux axes : Le passé de Tarkin raconté via flashbacks et les efforts de celui-ci (accompagné de Vader) pour mettre fin aux agissements d'un petit groupe de républicains désenchantés.
Pour le premier, Luceno explique la psychologie du personnage par son exposition à une nature sauvage sans pitié. De cette expérience, Tarkin ressort avec un amour pour un ordre fort et sans compromis. Même si Luceno fait de son mieux avec cette idée, je ne peux m’empêcher de trouver cela un peu léger comme principal explication pour justifier toute la psychologie de l'homme.
L'autre intrigue alterne le très bon et le pas terrible.Le pas génial, c'est ce plan inutilement complexe pour s'emparer du vaisseau personnel de Tarkin et les motivations vagues derrière les agissements du groupe. Pourquoi mettre autant d'efforts dans cet objectif précis pour se contenter de faire quelques opérations terroristes qui auraient pu être faites de manière nettement plus simples ? Le bon, c'est la manière dont il met en scène les luttes internes au sein du jeune Empire ou la manière dont il réussit à intégrer des problématiques contemporaines dans son histoire (le parallèle Holonet et internet).
Ce coté mi-figue mi-raisin se retrouve dans les personnages qui entourent le futur grand Moff. Les interactions avec Vader et Palpatine sont nombreuses et devraient être les moments critiques de l'intrigue, permettant d'expliquer pourquoi Tarkin a la confiance de l'Empereur et le respect du Seigneur Sith. Mais il y a quelque chose de désagréable dans leur caractérisation. Manifestement, il cherche à synthétiser l'Anakin de la prélogie avec le Vader de la trilogie originale et cette position le cul entre deux chaises ne convainc pas vraiment... L'Empereur est lui aussi plus humanisé qu'à l'habitude et orienté vers une approche mystique des affaires d'état. Encore une fois, c'est une caractérisation qui peine à complétement convaincre.

Un effort intéressant donc mais malheureusement trop poussif.

A noter que le livre est un des premiers a faire partie du nouvel UE post-acquisition par Disney. A ce stade, le changement de leadership ne semble pas avoir beaucoup eu d'impact sur l'UE pré-trilogie originale. On retrouve ainsi pas mal d’éléments développés par le JDR West End Games ou de la série animée Clone Wars pour ne citer que ceux-là.