Excellente surprise que ce Station Eleven, par ailleurs assez mal "vendu" sur la quatrième de couverture (qui résume le livre à l'épopée d'une troupe de musiciens itinérants là où le théatre des opérations est bien plus large). Ce qui fascine dans cette histoire, c'est sa "crédibilité" : la manière dont la situation initiale échappe à tout contrôle, où quelques signes avant-coureurs déclenchent une pandémie aussi dévastatrice que sidérante, laissant pantois la petite frange d'humains immunisés qui en réchappent. On pense un peu à l'armée des 12 singes pour ce côté effet de surprise, même si ici aucune action malveillante n'est évoquée...
C'est violent un monde où TOUT s'arrête en même temps, brutalement vidé de ses occupants : moyens de transports, sources d'énergie, moyens de communication. Il y a suffisamment d'histoires dans l'histoire pour ne pas s'y perdre, juste ce qu'il faut de personnages pour s'attacher à tous, comprendre leurs motivations, leur désarroi et leurs espoirs, sans en oublier aucun sur la route. Quelques flash-back bien dosés pour mieux les cerner encore, en savoir un peu plus sur leur "vie d'avant" etc.
Entre toutes les scènes et les personnages (authentiques, bien écrits) de cette histoire, tout ce qui se passe autour de l'aéroport est assez époustouflant : la manière dont la survie s'organise au début, la réappropriation de l'espace public par ce petit groupe d'humains qui va finalement poser ses valises pour longtemps dans ce lieu de transit, est particulièrement bien contée et immersive.
À noter enfin l'absence de déchaînement zombie ou d'ultra-violence gratuite. L'insécurité et la peur sont suffisamment présentes pour que l'auteur n'ait pas cédé à la tentation d'un délire à la Walking Dead, même si la violence s'invite parfois au détour des pages et des interactions entre les différents protagonistes...