Station Eleven est un roman d'anticipation post-apocalyptique publié par Emily St. John Mandel à la fin de l'année 2014. Alors qu'un dérivé particulièrement virulent de la grippe porcine ravage peut-être jusqu'à quatre vingt dix-neuf pourcents de la population mondiale, d'anciens artistes, musiciens, comédiens, ou enfants du nouveau monde tentent de faire survivre la culture en interprétant les classiques de Shakespeare, le long de leur route de caravane itinérante.
Une partie non-négligeable du roman se déroule toutefois, sous forme d'analepses, avant la chute, et nous donnera l'occasion de découvrir les liens insoupçonnés que partagent certains de nos protagonistes, avec en fond cette question : quel rapport entretiennent-ils avec « Station Eleven », le mystérieux comic-book inédit réfléchi par Miranda.
On peine réellement à s'expliquer le grand succès qu'a connu le roman canadien depuis sa publication, entre records de ventes et consécration par les prix littéraires. Station Eleven est un roman de gare mal rédigé et très maladroitement composé qui passe constamment à côté de ce qui, initialement, promettait d'être son sujet : aucune scène de spectacle dramatique un tant soit peu développé ne figure dans le livre, et le discours attendu sur la façon dont la culture peut permettre de survivre à la chute et au pire est totalement absent du livre au profit à la place d'une intrigue de survival inintéressante. Aucun des clichés du genre ne paraîtront devoir nous être épargnés le long du roman, et on aura droit autant au combat dans la forêt à l'arc (sans une once de compétence pour mettre en scène l'action) qu'au prophète mystique fou ou aux scènes de l'effondrement dans des appartements fermés face à des stations d'info qui s'éteignent.
On se prend fréquemment à se demander où l'autrice veut nous amener, ce qu'elle veut nous faire voir dans un roman où aucune des sous-parties qui le composent ne semble bien s'emboîter avec le reste ni franchement prendre le pas dans un ensemble composite recollé un peu à la truelle in fine. Si on veut un roman de troupe, il y a bien plus intéressant ailleurs. Si on veut du survival, des grands classiques existent sans avoir besoin de lire ce qui s'apparente à du King dilué. Si on veut un roman de formation sur la fusion dans la création d'une œuvre secrète, il en existe aussi des myriades. Station Eleven propose une pincée de tout cela, sans jamais l'accomplissement stylistique derrière pour assouvir l'ambition, et sans l'ampleur dans le développement qui pourrait justifier l'existence du livre.
Finalement, il n'y a pas grand chose à dire de ce roman et c'est probablement là qu'est le plus triste. On a affaire à une de ces éternelles fictions nord-américaines lisibles mais pénibles, vides d'intérêt, qui n'ont l'air d'exister transitoirement que pour être transformées presque sans correction en script.
Station Eleven est dispo en ce moment sur HBO Max et apparemment c'est plutôt mal reçu. Il y a entourloupe sous roche.