Comment interpréter et pénétrer le récit d'un ouvrage, intitulé « Suicide » (P.O.L, 2008), remis par son auteur, Edouard Levé, à son éditeur quelques jours avant de se donner la mort ?
S'agit-il d'un roman, d'un récit ou encore d'un genre autobiographique ? Ou bien de la traduction littéraire du suicide comme mode de représentation artistique du photographe qu'était Edouard Levé ? Sur les réseaux sociaux littéraires, plus particulièrement, on se représente toujours un auteur qui s'appropria un sujet tabou pour le réduire à ses seules considérations sociales et sociétales. Si tel avait était le cas, le récit d'Edouard Levé aurait été un bien mauvais roman, un médiocre exposé où le narrateur se serait limité à dresser, avec paresse et facilité, un catalogue de faits et d'élucubrations désordonnés – méprise à mon sens, de la part de nombreux rédacteurs d'avis négatifs sur le livre.
« Suicide » n'est pas un roman, mais une réflexion philosophique léguée par l'auteur - avant de se donner la mort - à propos de l'existence qui cesse brutalement, accidentellement ou naturellement, et qui renferme toute l'absurdité de celle-ci de laquelle il se libère par la volonté.
On se remémore l'œuvre d'Albert camus en lisant Edouard Levé, tout comme celle de Stefan Zweig dans leur conception propre de l'existentialisme, ou encore du pessimisme tragique de Schopenhauer.
Eh oui, on ne lit pas ce livre comme un roman, à la manière d'un simple divertissement. Si Edouard Levé a pris la plume dans la Galère de cet exercice, ce n'était pas pour « Cythère » (1), mais pour crier, tel **Meursault, dans « l'Étranger », qu'il a pris conscience de sa propre vie en la confrontant avec sa propre mort, que si lui s'est toujours senti étranger au monde, c'est que le monde est tout aussi étranger.
D'autres avis sur le blogue F.D.L
1 – Cythère / S'y taire.