J'ai éprouvé un immense plaisir à redécouvrir la région de mon enfance sous la plume de Fitzgerald. On y goûte une atmosphère oubliée, celle de Cannes dans les années 20. Cannes n'était encore qu'un bourg composé d'un port de pêche et de villas lovées entre la plage et les pinèdes. On y croisait alors de riches anglo-saxons venus profiter de la douceur hivernale.
Parmi ces derniers, on trouve Dick et Nicole Diver, un couple aussi magnétique que mystérieux dont les fastueuses réceptions polarisaient la vie oisive de ces expatriés sur la Côte d'Azur. A travers le regard de Rosemary Hoyt, jeune actrice américaine tombée sous le charme de Dick Diver, le lecteur est à son tour fasciné par ce couple et avide de percer son secret. Cette exploration de leur intimité nous fera voyager entre Cannes, Nice et Zürich, aux frontières de la psychanalyse. Captivant, surtout pour la première partie du roman !
Malgré des passages plus ennuyeux et le récit parfois tortueux, j'ai adoré cette façon dont Fitzgerald caresse la surface des choses et des êtres, tout en sondant leur profondeur. On ne s'y attend pas et, au détour d'une page, on baigne dans une sensorialité très particulière, comme si l'impalpable se faisait chair, comme si la nuit se faisait tendre. Une expérience étonnante. Je recommande la lecture en anglais, accessible et sublime !
" On the pleasant shore of the French Riviera, about half way between Marseilles and the Italian border, stands a large, proud, rose colored hotel. Deferential palms cool its flushed façade, and before it stretches a short dazzling beach. Lately it has become a summer resort of notable and fashionable people; a decade ago it was almost deserted after its English clientele went north in April. Now, many bungalows cluster near it, but when this story begins only the cupolas of a dozen old villas rotted like water lilies among the massed pines between Gausse’s Hôtel des Étrangers and Cannes, five miles away."