Rêveries du promeneur irradié
Que d'interrogations en refermant ce roman si singulier.
Singulier tant dans le traitement que dans le basculement d'un sujet froid et insipide au premier abord : la chute d'une hypothétique énième URSS meurtrie par des incidents nucléaires en chaîne sur la totalité de son territoire.
D'emblée, le lecteur est plongé dans un monde vide au sein duquel une poignée de corps affamés et rongés par les radiations tentent de "survivre" (en gros, tenir debout plus de dix minutes relève d'un exploit).
Voilà que notre (anti) héros, un mec qui parvient à placer un pied devant l'autre sans se casser la gueule (mais pas toujours...!) fait la découverte du Terminus Radieux, petit kolkhoze (village à la soviétique) où les habitants tentent de maintenir un semblant de vie (en fait, sur la photo mentale, on dirait un joyeux village zombie avec des mecs tenant à peine sur leurs pattes et quelques nanas chauves mais à la poitrine développée).
Paradoxalement, ce petit écrin de vie va faire basculer le récit dans un onirisme plutôt déroutant. Des personnages aux traits fantastiques voire mystiques se dessinent, le rythme de l'histoire semble flotter (si tu veux de bons gros repères spatio-temporels : tu peux toujours te gratter... L'espace/temps effleurent même la notion d'infini par le côté cyclique et immuable de nombreux éléments du récit).
En somme, si tu es prêt à perdre pied dans un univers déjà bien casse-gueule, ce livre est du pain béni (que dis-je ? Du pemmican béni !) pour toi, lecteur.