"Si l'objectivité est impossible, la loyauté est le premier devoir", disait Henri Guillemin au sujet de la commune de Paris. J'irai moi jusqu'à dire qu'ici, la loyauté est le seul devoir.
Les faits sont connus pour la plupart pourtant, les errements de la commune sont avérés, Brecht ne les dissimule pas, il sait qu'ils ne peuvent en rien ternir un événement comme il en arrive à peine un par siècle. Tout ceux qui ont défendu les communards, Marx, Vallès, Hugo, Darrien n'ont jamais prétendu en faire des anges, ils savaient que leurs intentions parlaient pour eux. Et quand j'entends pousser des lamentos sur les destructions occasionnées par l'inique guerre civile qui leur a été imposée je sais que j'ai affaire à un crétin.
Les coupables sont connus et ne cherchent à les défendre que les salauds. Brecht n'a qu'à peine à forcer le trait pour les rendre aussi haïssables que grotesques. Lorsqu'on écoute les vraies paroles des bourreaux de la semaine sanglante on est à peine en deçà de ce que Bertie écrit. Ils n'ont jamais vraiment cherché à se défendre de leurs ignominies et quand j'entends défendre, encore à ce jour, Thiers j'ai envie de vomir. Il me faut tout l'amour que j'ai pour l’œuvre de Flaubert pour lui pardonner les lignes ordurières qu'il a écrites sur le sujet...
Mais peu importe les faits après tout, dès le début la commune a été un symbole, un étendard. Il a rassemble ceux qui étaient unis par un désir sincère d'égalité et de fraternité pour l'humanité entière. Ceux qui l'ont au cœur savent tout ce qu'il comporte d’ambiguïtés et de contradictions. Ils savent que malgré tout il faut lui être fidèle et qu'il n'y a au final que la loyauté qui compte. Brecht le savait et n'a jamais reculé, malgré les difficultés, malgré la déception. Sa voix en demeure une des plus profondes du 20ème siècle.
Pour finir comme j'ai commencé, par quelques mots d'Hugo:
" Ces purs entres les purs, ces héros il est juste
Que la tombe leur soit une surprise auguste! "