Le titre de ma critique est un texte officiel d’un homme catholique après la Saint-Barthélémy. Comment cela a-t-il été possible ? Pourquoi juste pourquoi ?
Jérémie Foa a décidé d’aborder ce thème sous un angle habituellement adopté pour les études historiques de crimes contre l’humanité. Les inspirations de son travail sont clairement à chercher dans des travaux relatifs à la Shoah et au génocide des Tutsis. Or le long de la lecture, la galaxie des possibilités face à l’horreur se révèlent à nous. Tout s’y trouve dans toutes ces logiques et ses contradictions : du fanatisme, de l’avidité, de la haine mais aussi des sauvetages, de la douceur et de la clémence.
Contrairement à beaucoup d’épisodes de massacres et monstruosités, la Saint Barthélémy se caractérise par la proximité entre les victimes et les bourreaux ainsi que l’absence de conséquences pour les coupables. Nombre des tueurs étaient des voisins, des proches de leurs victimes voire des membres de leur famille. Habitués sur des années à se faire harceler, les protestants se sont résignés et le plus choquant est d’apprendre que la vie avait continué. La Seine semble s’être rougie de sang dans un indifférence générale.
Mais pourquoi ? pourquoi ? Pour se débarrasser de sa femme, pour gagner en notoriété, pour piller son voisin, sur ordre du roi ou du curé, etc… etc… Que des raisons qui traduisent à la fois l’opportunisme, la cruauté et la banalité du mal. Les mécaniques d’oppression paraissent d’autant plus terrifiantes lorsqu’on leurs jette le voile de la banalité.
Alors oui, c’est un grand livre. Je vous livre un grand oui. Mais désormais, vous savez ce que vous tenez entre vos doigts : le sang de ceux qui tombent.