Je note 5/10 pour plusieurs raisons : C'est un premier roman, c'est un premier succès, c'est un best seller et ça veut dire qu'il a su trouver son public, qu'il répond à merveille à une question d'actualité. Enfin, je sais pas laquelle, mais il y répond. Donc, bravo, un succès n'est jamais démérité.
Mais Dieu que c'est nuuuuuul!! Qu'est-ce que je me suis fait chier...
Y a rien dans ce bouquin. Rien. Rien, à part le vide de notre société, de notre culture, de notre civilisation. Ouai, c'est ça, c'est un putain de bouquin de fin de race.
Ce bouquin est le révélateur de la décadence de la littérature française. Et j'englobe tous les acteurs : les auteurs, les éditeurs, et les lecteurs.
Les personnages sont inintéressants au possible.
Le Emile, il ressemble à rien. Le bouquin a été écrit par une fille, et ça se voit, n'est-ce pas? On est tous d'accords qu'un mec comme ça, ça n'existe pas. Par exemple, on ne traite pas le bébé de son meilleur ami de "morveux", jamais de la vie, entre hommes on est pudiques et respectueux, c'est quoi cette vision ridicule de l'amitié masculine..., Mon meilleur ami dit un mot de travers de mon bébé, j'y fais manger ses dents. Et pourtant je l'aime, mon meilleur ami. Et il passe son temps à chouiner sur son ex, mais oh, au bout de trois mois, on a tourné la page, elle nous a pris pour des toutous sentimentaux, la Mélissa?
Et ce Léon... Oh celui-là il a la palme de la lâcheté masculine. C'est quoi ce... "truc"? C'est pas un personnage de roman, c'est un rôle tiré d'une série d'AB Productions, c'est pas possible. Une personne pareille, ça n'existe pas. il coche tout : lâche, hypocrite, veule, soumis... What's ce truc... Il vendait des Juifs pendant la guerre dans une vie antérieure, c'est pas possible autrement!
Et sa daronne. Oh sa daronne. LA folle à lier du roman. Elle, les juifs, elle les vendait pas dans une vie antérieure, elle dirigeait un camp! Vicieuse, mesquine, violente, autoritaire, sadique... Sa place est en prison, pas dans un bouquin... Et d'ailleurs, pourquoi on ne porte pas plaine contre elle? Violence volontaire contre une enfant comportant des troubles du développement, ça va chercher loin, tout ça.
Et ne parlons pas du personnel médical. La personne qui a écrit ce bouquin est jeune et ne doit pas avoir beaucoup d'expérience avec le système de soin national. On a tous les clichés et les erreurs de crédibilité qui s'enchainent, tout au long du roman. Et pour être long, il est long...
Oui, c'est long, c'est long et on s'ennuie ferme dès le début du roman parce qu'on voit tout venir à l'avance. Les ficelles scénaristiques sont tellement grosses qu'elles pourraient soutenir le pont de Millau. C'est le cliché habituel de deux personnes brisées qui vont se rencontrer, s'unir contre l'adversité, contre le Monde, et sortez les violons. C'est niais, c'est du vent.
Et c'est pas la forme qui arrange le fond. L'écriture est mauvaise. C'est simplement mal écrit. Les dialogues sont irréalistes, les descriptions sont lourdes, la narration est mauvaise. J'ai saigné des oreilles (oui, j'ai subi le bouquin sur livre audio) avec un "Joanne est arrivée sur Roanne par le train". "sur Roanne". SUR... oui. SUR. Best seller de l'édition française. Sur une ville. SUR. On dit ça quand on parle entre potes, "j'suis sur Aix cet été", "ce weekend, j'suis sur Paris"... Mais pas dans la partie narration d'un bouquin. Amis de la littérature, bonjour!
Bref. Le succès de ce bouquin m'interroge sur l'état de notre société, sur l'état de nos lecteurs. On peut critiquer un auteur, on peut fustiger un travail d'éditeur, mais on peut pas faire mentir les chiffres : ce gloubiboulga de citations fauchées chez Paolo Coelho est un succès littéraire, adoré par des fans dans tout le pays. Une oeuvre ne rencontre pas un public pour rien. De mon point de vue, le succès de ce livre est symptomatique de la décadence de notre société. Je l'ai écrit dès le début de cette critique : Un bouquin de fin de race.
Après, je m'en carre, moi, je suis pas Gaulois. :-p