À lire ce qu'en dit l'éditeur (cf. plus bas), on se doute qu'on n'aura pas affaire à un thriller au rythme échevelé, pas plus qu'à une simple histoire de déplacement en train. Pour peu qu'on prenne alors la peine de feuilleter le livre, on s'apercevra vite que la langue est belle, exigeante, et si, émoustillé par ce premier contact, on décide de s'embarquer pour ce voyage - dont le train pour Lisbonne n'est que le point de départ -, on sera récompensé par mille pensées et réflexions d'une lumineuse intelligence.
La structure parfois un peu floue pourra dérouter ; c'est sans doute qu'elle épouse les contours d'un récit placé sous le signe du hasard. Autant l'accepter. À la fin, tous les fils ne seront pas noués, toutes les réponses ne seront pas apportées : peu importe, puisque l'essentiel n'est pas le but mais le chemin qui y conduit. Ce chemin-là, de Berne à Lisbonne, du présent au passé, passe par l'écrit, les livres, les mystères qu'ils évoquent et les secrets qu'ils invitent à percer. Il a, en tout cas, la beauté vertigineuse de la philosophie quand elle s'allie à la poésie.
Un livre rare qui se quitte à regret
Le mot de l'éditeur :
Découvrant par hasard un livre d'Amadeu de Prado, poète portugais, Raimund Gregorius voit sa vie basculer. Bouleversé par ce texte qui semble écrit pour lui, Gregorius prend le premier train pour Lisbonne, décidé à plonger dans les méandres du passé de Prado. […] Avec ce roman qui sonde les territoires de l'âme et de la conscience de soi, Pascal Mercier délivre une vision philosophique peu académique du sens de la vie.