Ce livre est un cri, l’ex-pression d’une pression interne accumulée depuis l’enfance, comme une soupape libère la pression de la vapeur accumulée dans une cocotte-minute.
Je le perçois comme une thérapie. Il fallait que ça sorte. L’autrice l’a mis par écrit, longuement, répétitivement.
Donc, un grand respect pour la personne, son calvaire, sa douleur, sa vie marquée par le viol du beau-père répété pendant des années.
Maintenant, je pense qu’il faut avoir le droit de séparer l’auteur et l’ouvrage.
Comme on le dit pour Céline, ou Depardieu, Polanski et d’autres, la personne peut être détestable et l’œuvre admirable.
Ici pour une fois c’est l’inverse : la personne est admirable de résilience. L’œuvre est décevante. Je suppose que beaucoup hurleraient “tu n’as pas le droit de dire cela, tu lui dois du respect”. Oui, justement, c’est pour cela que je sépare la personne et l’œuvre. Sinon on reste dans la compassion et la pitié, et elle mérite beaucoup plus que cela.
Je n’ai pas aimé la forme, le caractère brouillon du livre. Le viol y est décrit et analysé sous tous les angles. Ses conséquences également, qui ont marqué l’autrice à vie. Mais tout cela semble raconté au kilomètre, sans structure, avec de multiples répétions et retours en arrière dont on ne perçoit pas le sens.
Au final la lecture est fastidieuse, ennuyeuse. On va jusqu’au bout, parce qu’il le faut, probablement plus par respect pour la personne que par intérêt pour l’œuvre.
J’ai retrouvé la même ambivalence qu’à la lecture de Lambeau, ce récit de survie après l’attentat contre Charlie-Hebdo : admiration pour la personne et sa résilience, déception par la manière dont elle est racontée.