C'est une histoire familiale sur trois générations, en même temps qu'une histoire de village.
Un lieu montagnard isolé, replié sur lui-même, mais où la vie suit son cours, souvent avec rudesse, parfois avec bonheur.
J'ai aimé le portrait de ce village, l'évolution de ses rouages et de son âme au fil du temps. C'est incroyablement dépeint.
Par contre, dans ce village, difficile d'y faire sa place. On y est longtemps vu comme étranger, si on n'y vit pas depuis le temps des dinosaures. C'est ce qui se passe pour André, nouveau médecin dans les années '60 (je dirais), puis son fils Benedict (et sa femme Agnès), et enfin sa petite-fille Bérangère. Le métier d'André le rend petit à petit connu et apprécié, suite à ses bonnes actions. Pourtant, deux générations plus tard, sa famille sera toujours vue comme nouvellement arrivante (surtout au moindre faux pas). C'est-à-dire moins considérée, très vite oubliée.
On suit donc le fil de 3 vies, à différentes époques, et de ceux qui les entourent.
Souvent, des phrases courtes viennent transmettre clairement les situations et les émotions, tout en nuances pourtant. J'ai beaucoup aimé cet aspect psychologique.
J'ai moins aimé l'un des deux nœuds dramatiques qui se trame dans la 2ème moitié du roman.
(un amour incontrôlable entre Agnès et son "gendre")
Mais encore une fois, il est abordé par les émotions nuancées de ces personnages, qui cherchent à lutter contre des volontés contradictoires en eux, ce qui les rend intéressants à suivre.
Tout au long du roman, on suit le fil de ces vies sans les lâcher, les transitions se font naturellement, on passe les époques comme si de rien n'était. Des vies qu'on imagine se poursuivre, et continuer de se régénérer, une fois ce livre refermé.