Loin des hagiographies et récits de personnalités qui ont marquées l'Histoire, Un cœur simple choisir de se concentrer sur la supposée servante, sûrement fictive, de la grande tante de Flaubert durant son enfance.
Le livre est donc un portrait d'une "femme simple", prétexte à un voyage nostalgique dans la Normandie de son enfance, les alentours du Havre qu'il décrit avec beaucoup de mélancolie, un texte très reposant de par sa poésie et son rapport à la Nature très proche des idées de Rousseau, voulant se rapprocher de ses vertus car ceux qui ont "grandi loin de la corruption sociale ne connaissent pas le mal".
La nouvelle se veut émouvante mais je trouve le concept assez drôle finalement, celui d'une servante amoureuse de la Nature qui s'ennuie et trouve un sens à son existence dans sa foi chrétienne, finissant par confondre son perroquet Loulou avec le Saint Esprit, toujours représenté comme une colombe, elle voit en l'oiseau qui parle la voix de Dieu de manière naïve et attachante.
Mais sans éducation, ignorante, elle est caractérisée par sa "bassesse intellectuelle" qui l'éloigne des enjeux politiques et sociaux de son époque.
La nouvelle contrairement au reste de la bibliographie de Flaubert et de l'ensemble de la littérature du XIXème ne se veut pas politique ou social, il veut juste suivre le point de vue d'une inconnue qui n'aura aucune importance dans l'Histoire, comme le fait remarquer Pierre Michon en comparant sa démarche à celle de Van Gogh, peignant un simple facteur d'Arles, Joseph Roulin, comme s'il peignait le portrait d'un roi ou d'un pape.
Le livre est comme son titre l'indique finalement, le portrait d'un cœur simple, mue par un sentiment religieux que Flaubert essaye de comprendre, étant agnostique, pour montrer que dans cette société, les imbéciles sont finalement les plus heureux.