Deux petits reproches pour commencer cette critique comme cela on pourra directement enchaîner sur une suite d'éloges, le défaut récurrent de prévisibilité de l'immense Charles Dickens fait ici acte de présence quant à l'identité des responsables d'un emprisonnement arbitraire et quand au sort réservé à un des personnages, à savoir Sydney Carton, qu'on devine dès sa première apparition...
Cela mis de côté, si cette fois sa verve drolatique est un peu absente Charles Dickens sait faire souffler un souffle romanesque sur son histoire qui n'a rien à envier au meilleur d'Alexandre Dumas. Il arrive à faire ressentir l'atmosphère d'angoisse, délétère, traversée de nombreux éclairs d'atrocités de la "Terreur" tout en oubliant pas de nous faire pleinement comprendre comment on a pu dans notre histoire en arriver là. Les premières pages du roman où les charrettes tiennent encore leur respectable rôle de charrettes dans une paisible ferme et où les forêts sont encore forêts et qu'ils ne servent pas encore à fabriquer la funeste Veuve Guillotine sont un sommet pour l'auteur, les dernières pages pleine d'espérance aussi...
Entre les deux, une histoire, enfin plusieurs histoires entrelacées qui finissent par se joindre, forte avec une galerie de personnages hauts en couleur dont on retient surtout l'avocat alcoolique désabusé mais d'un courage et d'un dévouement sans failles Sydney Carton, véritable héros de l'histoire, et la grande antagoniste de cette dernière, Mme Defarge dit "La Tricoteuse" dont la placidité dans la première partie du roman contraste de manière inquiétante avec sa furie dans la seconde.
"Un Conte de deux villes" ou quand Charles Dickens mêle plusieurs petites histoires à la grande, il reste immense...