Les vaches sacrées, les petits mendiants et autres viennoiseries littéraires
Irving est un auteur particulier. Américain ayant étudié en Autriche, lutteur devenu écrivain c'est un grand gaillard qui a une vision toute personnelle de la manière d'écrire. Comme beaucoup de bons écrivains me direz-vous. Juste. C'est ce qui fait de lui un auteur intéressant. Il n'est pas compliqué à lire, mais il n'est pas toujours aisé de suivre le fil de sa façon de conter ces histoires. La digression est chez lui ce que le peuchère est au marseillais, mais il le fait avec tant de classe qu'on ne peut qu'apprécier cela.
Surtout que ses thèmes de prédilection, la lutte, la relation au père complexe, la difficulté d'être fils, amant, père ou mari se retrouvent dans presque tous ces livres. Ce qui ne le rend pas monotone pour autant.
Un enfant de la balle n'est pas à proprement parler un roman policier. C'est avant tout un livre sur l'Inde. Malhabile certes, mais qui peut prétendre écrire à propos d'un pays sur lequel tout le monde à des préjugés ? Surtout si on n'en est pas natif ? C'est un livre qui m'a donné envie de découvrir l'Inde. Et pas celle des fils à papa ou des teigneux à dreds qui s'en vont jouer les aventuriers du bois de quat'sous pour donner des leçons aux petits blancs restés dans les grosses villes d'Europe dès leur retour.
C'est un livre plein d'humour où l'on apprend des choses sur des côtés de l'Inde moins connus comme les hijras ou les autres facettes de l'industrie bollywoodienne. L'intrigue est relativement téléphonée, mais les personnages sont si attachants qu'on le pardonne assez vite, et puis le but de ce livre n'est pas d'être un roman policier, mais un roman sur la perception d'un pays par ces ressortissants, ces gens qui ont choisi d'en partir et qui ont le cul entre deux chaises comme tout immigré. Si on perçoit ce livre de cette manière, on l'apprécie. Mais ne le lisez pas si vous espérez tomber un truc avec du suspens et des enquêtes, c'est une tranche de vie, le regard d'un homme qui se retourne derrière lui pour revenir sur sa vie. Et l'utilisation du flashback m'a scotché dans le bon sens du terme.
En somme c'est un bon irving, pas le meilleur certes mais un bon cru d'un auteur qui déçoit rarement...