Autant l'annoncer immédiatement, du paradis, on n'en verra pas le début du commencement...
"Un pied au paradis" est rêche, sauvage, et a plutôt la noirceur de l'enfer...
Un homme disparaît, pas qu'il soit particulièrement regretté par qui que ce soit d'autre que sa vieille mère, mais enfin, il faut bien tenter de le retrouver...
C'est donc par la fin que débute le roman, ce qui n'est pas dénué de sens si l'on considère que tous les personnages, leur Histoire, vivent leurs dernières heures, à tout le moins dans leur habitat ancestral, voué à être transformé en réserve d'eau par une compagnie d'électricité.
Quoiqu'il en soit la fin donc, débute avec le Shérif Alexander qui n'a pour seule raison d'enquêter que son intime conviction.
Le récit se télescope entre les 5 protagonistes, narrateurs successifs, et rembobine l'histoire partant de rien pour l'enrichir page après page de détails, de précisions, mettant à jour ainsi l'histoire de la disparition de Holland Winchester.
Ron Rash livre une réflexion dure, tranchante sur nos choix, leurs conséquences, mais surtout sur la rédemption, qui lui semble bien vaine au demeurant.
Sur la forme "Un pied au paradis" est aride. Une écriture sèche minimaliste.
A titre très très personnel, je ne suis pas fanatique de ces constructions fondées sur des narrations successives. C'est un exercice délicat qui trop souvent sacrifie le style à la cohérence du récit, surtout lorsqu'il s'agit d’entrer dans la peau de rednecks mal éduqués.