J'ai jamais eu trop envie de lire les livres de Sandrine Collette, mais celui-ci était dans une sélection de gratuits, et quand t'es libraire, tes collègues t'invitent toujours à piocher allègrement dans les gratuits (le salaire est pas ouf, alors autant profiter de quelques avantages). Tu ramènes chez toi des titres que t'aurais jamais achetés, et ta pile à lire dégueule.
On est donc en Octobre et quoi de mieux que de lire des polars ? Je commence donc mon incursion dans ce domaine avec un roman noir qui se passe dans les vignes.
Partis pour une semaine de vendanges, Malo et Camille (frère et soeur) découvrent le lieu où ils vont pouvoir se faire un peu d'argent de poche avant de commencer les cours.
Un domaine immense, une grande bâtisse, ses dépendances et deux propriétaires un peu particuliers. L'un ne sort jamais de sa chambre, l'autre boîte et a une cicatrice qui lui mange le visage. On raconte qu'ils sont devenus fous, suite à un accident de voiture une dizaine d'années plus tôt. C'est Lubin, le grand costaud du coin, qui s'occupe des équipes de vendangeurs. Le travail commence, les corps sont douloureux, la chaleur de Septembre insupportable.
Et puis Malo disparait.
Camille s'inquiète. Autour d'elle, personne ne semble se soucier de la disparition de son frère. Camille ne croit pas qu'il soit parti sans la prévenir, elle en est sûre, il s'est passé quelque chose. Intrépide, curieuse et déterminée, elle insiste, fouille et n'est pas au bout de ses surprises.
Entre soleil radieux et orages plombants, l'ambiance s'alourdit de jour en jour. L'atmosphère est pesante dans cette grande bâtisse ancienne, qui renferme son lot de mystères, à l'instar d'un Rebecca de Daphné du Maurier. Mais attention, pas de fantômes ici. Quoique... Pour les deux propriétaires, la jeune Camille ressemble incroyablement à Laure, la compagne de l'un des deux hommes, décédée dans leur accident. Serait-elle une revenante ? Impressionnés par sa ressemblance avec Laure, ils vont jouer à un drôle de jeu de domination et d'emprise.
Je suis contente de retrouver ce genre de polar, et j'ai bien aimé le lieu où se déroule l'action, ça change des polars qui se déroulent dans des grandes villes ou à l'inverse dans des lieux hyper isolés.
La relation floue qui se tisse entre Camille et Octave est également intéressante dans sa construction, approche qui tâtonne, retrait, colère, etc., c'était assez crédible.
Ce polar n'a rien d'extraordinaire, pourtant il se dévore. Peut-être parce qu'il est court et qu'on sait qu'à l'issue de la semaine de vendanges, on aura toutes nos réponses.
La tension monte au fil des pages, on sent que ça devient poisseux, qu'il y a quelque chose de malsain dans l'air, des paroles qui illustrent le mal-être de certaines personnages.
Le suspense est à son comble dans une scène de course-poursuite dans le château (que j'ai trouvé un poil longue). Il n'y a pas de surprise dingue concernant la révélation, ça n'a rien d'inédit, mais la fin est glauque et assez terrifiante.
Attention à ceux qui seraient sensibles à l'hémoglobine, contrairement aux premières lignes au ton léger, la scène du prologue prend rapidement une tournure gore, on nous balance du sang à profusion et ça ne s'arrête pas là...