J'ai lu quelques critiques élogieuses faites à à Cécile Coulon pour son livre Une bête au Paradis. Elles m'ont étonné. le roman, pourtant, les mérite sous certains aspects : le style simple, légèrement onirique de l'autrice, le rythme soutenu de la narration, les personnages, typiques mais si vrais, sont autant de qualités à mettre à son crédit.


Non, ce qui m'a surpris, c'est que beaucoup de ces critiques décrivent un "roman rural" qui "sent la terre" et la "vie paysanne". Je n'ai rien lu de tout cela.


Si la totalité de l'action se situe en milieu rural, dans une exploitation agricole, il n'est de ce monde aucunement question. Jamais ne sont décrits, ou seulement "en passant", à travers des impressions lointaines ou de vagues métaphores, les travaux de la ferme, aux champs ou auprès des animaux, la traite, la mise à bas, l'abattage, la vaccination, les tâches d'entretien, de transformation, de négociation, de vente des produits, etc. Les vaches, on les entend meugler au loin. Les cochons eux, n'apparaissent qu'à la fin, d'ailleurs prévisible et assez grotesque.


On me rétorquera que "ce n'est pas le sujet". Certes, le sujet, on le voit assez, ce sont les femmes et les hommes qui vivent là. Justement, ces ces personnages pourraient tout à fait vivre ailleurs, y compris à la ville, l'histoire serait peu ou prou la même.


Une bête au Paradis est donc un roman citadin, centré sur le commerce de l'amour et les affres de la fatalité, et en cela humain, trop humain. Un seul personnage se salit vraiment les mains : c'est Louis, le commis. Et il est traité, malgré son dévouement, comme un moins que rien, car il n'a pas le sang de la famille - attitude presque aristocratique.


Le nom de l'exploitation, le Paradis, nous avoue tout cela, consciemment ou non : c'est un lieu par et pour les hommes et par définition même, hors-sol, détaché de la terre. Pour m'être initié à la lecture avec Des grives aux loups de Michelet, et pour avoir espéré en trouver ici une version féminine et moderne, on comprendra que ma déception a été grande.

Orazy
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le 17 oct. 2019

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