Pour les adeptes de dénouement haletant...

« Une danse avec les dragons » est le dernier épisode de « Le Trône de Fer » à avoir été édité chez Pygmalion en langue française. Sa parution date de l’année dernière. Sa couverture nous immerge dans un endroit sombre dans lequel il me semble reconnaître le célèbre Tyrion et peut-être Ser Jorah Mormont en second plan. Comme toute la saga, cet ouvrage est écrit par George R.R. Martin. Il se compose de plus de quatre cents pages et son prix avoisine vingt euros.

La quatrième de couverture nous offre le texte suivant : « Daenerys a eu beau se plier à toutes les exigences du peuple de Meereen – épouser Hizdahr so Loraq, rouvrir les arènes de combat, pactiser avec des mercenaires qui l’ont déjà trahie – rien n’y fait : la paix précaire risque à tout moment de dégénérer en un siège sanglant. D’autant plus que la jument pâle, cette peste incurable, continue de faire des ravages aux portes de la ville. Yezzan zo Qaggaz, le maître de Tyrion, figure parmi les dernières victimes en date. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, le nain y voit une occasion unique de prendre la poudre d’escampette. Pendant ce temps, au Nord, les portes de Winterfell demeurent obstinément closes, tandis que la forteresse disparaît peu à peu sous un épais manteau de neige. Ses remparts servent-ils à protéger ses occupants de l’assaut de moins en moins probable des troupes de Stannis Baratheon ou à sceller leur tombeau ? »

J’enfonce systématiquement la même porte ouverte : il est indispensable d’avoir lu les quatorze tomes précédents pour entamer cette lecture. Il ne faut pas penser qu’un visionnage assidu des quatre premières saisons de la série télévisée adaptée soit suffisant pour saisir et comprendre tous les événements contenus dans ce recueil. Le lecteur de ce roman ne peut être qu’un afficionado rigoureux des précédents épisodes de la saga.

Les habitués seront ravis. Une nouvelle fois, l’auteur arrive à faire avancer son épopée en emportant le lecteur avec lui. C’est avec plaisir que j’ai retrouvé les contrées et les personnages familiers. C’est avec angoisse que j’ai appréhendé les épreuves rencontrées par mes héros favoris. C’est avec curiosité que j’ai vu apparaître des retournements de situation et des révélations remettant en cause bien des équilibres. Bref, cette immersion à Westeros et dans les Citées Libres ne m’a pas laissé indemne.

L’évolution de l’intrigue au fur et à mesure de l’avancée des tomes a délocalisé le centre de l’intrigue de Port Réal vers Meeren et le Mur. En effet, une nouvelle fois, Daenerys et Jon sont les personnages centraux de la trame. Evidemment les adeptes de Tyrion et d’Arya, dont je fais partie, y trouveront leur compte mais il est évident que les Lannister et les Hautjardins sont globalement en retrait à l’exception de l’antipathique et effrayante Cersei qui fait son grand retour après un dernier tome dans l’ombre.

En effet, une des difficultés de l’auteur est de faire cohabiter des lieux et des personnages de plus en plus nombreux. Par exemple, Sam n’est apparu ni dans ce tome ni dans le précédent. Malgré tout, cela ne gêne en rien la lecture. Au contraire, cela attise la curiosité. Il est impossible de deviner où nous plonge le prochain chapitre et aux côtés de qui. Notre intérêt est toujours alimenté par le fait que George R.R. Martin ne néglige aucun de ses protagonistes. Il les traite tous avec la même affection et la même importance. Cela offre ainsi une densité rare de l’intrigue car chaque chapitre possède l’intensité d’une nouvelle. Il est particulièrement important d’évoquer avec la même force narrative chaque aspect de la grande trame car dans le cas contraire il y aurait de grands trous d’air dans l’histoire. Et ce n’est jamais une bonne chose.

L’attrait de cette lecture ne réside pas uniquement dans le suspense qui accompagne chaque page, il existe aussi dans les lieux et les personnages. On ne peut pas dire que lire cet ouvrage offre une haute opinion de l’âme humaine. Trahison, manipulation, torture, violence… Tout cela agrémente chaque scène, chaque moment. La crasse humaine habite bon nombre des cités et des endroits dans lesquels gravitent les personnages. Ces sensations sont particulièrement bien transcrites par l’auteur. La sueur, la saleté, l’animalité, la tension… Tout cela transpire des pages pour notre plus grand bonheur.

« Une danse avec les dragons » possède donc les mêmes qualités que les tomes précédents. Je suis admiratif du fait que George R.R. Martin arrive à conserver une telle qualité d’écriture et de scénario pour ne jamais lasser le lecteur. Au contraire, terminer un de ses romans est à chaque fois une souffrance dans la perspective de devoir attendre la prochaine sortie. Le dénouement de ce bouquin est particulièrement réussi car il laisse bon nombre de situations en suspens suite à des événements surprenants et souvent douloureux. Il ne me reste donc plus qu’à vous conseiller de les vivre et à attendre leur suite. Mais cela est une autre histoire…