Si au départ Balzac semblait se prédestiner à l'écriture de romans historiques, devenant d'une certaine manière le Walter Scott français, c'est lors de la rédaction d'Une double Famille qu'il comprend que son talent réside avant tout dans la description des moeurs de la société contemporaine et que c'est dans cette voie-là qu'il doit désormais persévérer. On pourrait donc presque affirmer que la Comédie Humaine est née avec cette oeuvre qui relate les infidélités au sein du mariage.
On y suit un homme qui, marié à une femme trop bigote, finit par aller voir ailleurs en entretenant une relation avec une belle ouvrière qui lui donnera plusieurs enfants. Il est intéressant de noter que Balzac impute la faute de cette tromperie non pas au mari mais à l'épouse fidèle, estimant que sa dévotion à la religion l'empêchait de bien s'occuper de son époux. Cette vision est assez osée pour l'époque...
D'ailleurs, Balzac semble ne pas assumer cette idée jusqu'au bout puisqu'à la fin du récit, c'est l'homme qui sera finalement puni en se faisant quitter à la fois par sa maîtresse et sa femme, ce qui l'entraîne dans la misère la plus totale.
Enfin, si le livre utilise une structure de flash-backs qui nuit à son rythme, on ne peut cependant qu'être charmé par certains passages comme le début où Balzac décrit avec une précision de peintre la jeune ouvrière travaillant sur son ouvrage et guettant par la fenêtre le passage de son bien-aimé. Cela rappelle les belles scènes du film Madeleine de David Lean...