Je pourrais mettre un 10 rien que pour l'écriture, somptueuse, inspirée, nourrie, vivante, cruelle, terrible, absolument magistrale.
Je mets un 8 car, en refermant ce très grand livre, je garde malgré tout un sentiment d'amertume face à ce personnage central - Gaspard - dont on suit le parcours et les méandres pendant plus de 400 pages. Car c'est au déploiement d'un destin sordide que nous assistons, au coeur du Paris de la fin du XVIIIème. Un Paris sans doute mal connu de nos jours, une ville-monde d'une saleté, d'une pauvreté et d'une amoralité indicibles...J'ai souffert avec ce Gaspard, je l'ai trouvé souvent écœurant, révoltant, d'une mélancolie immense, mais j'ai eu du mal à le prendre en pitié tant il se donne de mal pour grimper cette foutue échelle sociale au détriment de son âme. Ce récit de boue, de sang, de larmes et de déjections en tous genres réussit tout de même le tour de force de devenir une sublime réflexion sur le monde, le destin et l'ambition. L'auteur avait 26 ans, c'était son premier roman : je ne suis qu'une admiration époustouflée.