À l’instar des « Bouées jaunes » de Serge Toubiana, je ne voulais pas lire ce livre. Je l’avais signalé à François Constant, à la suite de son commentaire, en juillet 2019. Et puis j’ai oublié, et puis j’ai lu une promo, dans Télérama sans doute, à un moment où j’allais manquer de lecture, intrigué, j’ai téléchargé… J’aime bien les héroïnes qui se révèlent et entrent en rébellion.
Quand j’ai téléchargé, je n’avais pas réalisé que c’était ce livre-là.
Je ne voulais pas lire ce livre car il parle de cancer. D’une jeune femme et de sa lutte contre son cancer du sein…
Le cancer, je connais. Mon gendre en a eu un, terrible. Il y a 17 ans. Il n’en est toujours pas remis. Foutu, le beau jeune homme. Perdu pour tous ! Ma fille a eu le sien. Je l’ai accompagnée lors de ses chimio. Elle lutte toujours. Elle en a encore pour plusieurs années (si tout va bien) … Je ne dirai rien du mien…
Alors m’y replonger, en lecture…
Bon, ma liseuse m’appelle, allons-y.
Premier tiers, je reconnais. C’est exactement ce que j’ai vécu avec ma fille. L’émotion est là, intacte. L’affrontement, le doute, les sursauts, le “courage”… Sorj Chalandon fait dire à son héroïne qu’il ne s’agit pas de courage, qu’il faut vivre “avec”. Oui, sans doute, mais moi qui ne l’ai pas vécu dans mon corps, j’ai toujours pensé qu’il fallait beaucoup de courage pour supporter le contre-coup de la chimio. Bêtement, sans doute, j’ai pensé que ma propre fille en faisait preuve de beaucoup, de courage. Et que personne ne vienne me contredire ! L’héroïne a trouvé du réconfort auprès deux ou trois compagnes de calvaire. Ma fille s’est investie dans les actions de la “Maison Rose”, une association aux multiples activités où se retrouvent ces femmes en souffrance.
Et puis tout bascule. Nous voilà embarqué dans des aventures rocambolesques. D’aucuns diront qu’il s’agit d’un exutoire, d’une guerre dans la guerre, d’une façon de penser à autre chose qu’au mal qui ronge, d’actes désespérés, de défis : “Si on réussit, le Crabe sera vaincu…” Mais voilà, on n’y croit pas.
“6nezfil” plaide : Qu'importe, au fond, car comme l'espoir pour quelqu'un qui se bat pour survivre, l'important est de faire semblant d'y croire et de se laisser entraîner dans les péripéties les plus extravagantes. Un peu de rose dans le noir et advienne que pourra.
Je veux bien. Mais alors, pas de demi-mesure. Monsieur Sorj Chalandon a osé. Un peu. Invraisemblable, un peu. Extravagant, un peu. Hétéroclite, abracadabrant, fantasmagorique… un peu.
Avec de temps en temps un rappel aux aphtes, aux vomissements, aux ongles qui cassent ou tombent…
Il faut choisir. Ou la crédibilité, et je rends hommage à Serge Toubiana cité plus haut, ou l’extravagance d’un Olivier Bourdeaut dans En attendant Bojangles.