Voilà donc la réponse à la question qui tourmentait (c'est peut-être un grand mot...) tout le monde: Est-ce que JK Rowling est capable d'écrire autre chose que du Harry Potter ?
Ma réponse est "oui" ! Il est évident qu'après avoir passé 10 ans sur notre petit sorcier préféré, la suite des œuvres serait attendue avec impatience et scrutée pour les imperfections. Il faut aussi noter que la popularité dont jouissait JKR a pu lui jouer des mauvais tours car tout le monde se disait "A part un monde magique, elle ne saura pas s'y prendre". J'avoue avoir fait partie des sceptiques qui ne pensait pas que le résultat serait digne des mémoires d'enfance que j'ai eu en lisant ses romans précédents.
Par curiosité, et parce qu'il faut garder un esprit ouvert (quoi de pire que les gens qui critiquent sans connaitre..?) j'ai tout de même décidé de lire ce roman.
Le roman traite donc de la mort de Barry Fairbrother qui intervient au bout de 3 pages. Bim ! Une introduction rapide qui ne nous fait pas attendre. L'histoire se met tout de suite en place, on sait ce dont le livre va parler. Il y'a un mort, il faut donc le remplacer sur le conseil de la ville de Pagford.
Tout du moins, c'est le résumé "officiel" du livre. Car en vérité, le livre ne traite pas tant de cette histoire politique dans un petit bled paumé. L’enjeu relatif, sur la redéfinition des limites de la ville et donc de l'appartenance d'un quartier de HLM (The Fields) infesté d'addicts (dont Terri Weedon, mère de Krystal et Robbie), devient secondaire dans la narration. Selon moi, ce livre est en fait une ouverture, une petite lucarne, sur la vie, à priori paisible, de Pagford. Un peu comme un Blue Velvet ou un American Beauty, le propos du livre est plus centré sur le fait que derrière les portes closes, il se passe souvent des faits non soupçonnés.
Entre un Simon Price violent au point de battre sa femme et ses deux enfants, un Howard Mollison qui trompe sa femme avec sa partenaire, un Andrew "Arf" Price acnéique et amoureux, ami avec Stuart "Fats" Wall soucieux d’être « authentique », lui-même fils de Tessa et "Cubby" tous les deux employés à l'école de Pagford, un Gavin Hughes désespéré de rompre sa liaison avec Kay Bawden qui elle, en tant qu'assistante sociale, s'occupe des Weedon...
Bref, un beau bordel ! Mais c'est là que j'ai trouvé que le livre (et JKR) triomphait ; dans les connexions et les transitions entre toutes ces histoires dissemblables si ce n'est pour leur lieu d'habitation. A Pagford, tout le monde se connait, ou du moins pense se connaitre…
Avec autant de personnages, une vingtaine tout de même (sans compter les personnages secondaires), il aurait été facile de se perdre dans une tambouille innommable et ne plus savoir qui était qui... J'avoue que la collègue qui m'a prêté sa version anglaise s'était faite une cartographie des personnages et des relations afin de ne pas perdre le fil.
Les petits potins de Pagford sont donc le fil conducteur du roman, en alternant de point de vue assez fréquemment, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer, même si comme dans la vie, certains personnage ou trames narratives nous sont moins intéressantes que d’autres.
Pour conclure le roman, nous avons une fois de plus l’impression que l’élection du remplaçant de Barry Fiarbrother n’était qu’une excuse pour s’immiscer dans la vie des pagfordiens (pagfordois.. ?). La preuve, l’élection est passée sous silence, la description de quelques habitants en train de voter est vite faite et le résultat est glissé rapidement entre 2 pages.
Le climax du livre a lieu lors du 65ème anniversaire de Howard Mollison (
dont le fils Miles a gagné l’élection d’ailleurs…pour ceux que ça intéresse
) où tout Pagford se retrouve autour de quelques bouteilles. Les non-dits, l’alcool aidant, sont dévoilés et à partir de ce moment les personnages peuvent se reconstruire dans leurs couples ou leurs familles.
Le roman se termine sur un drame. En soit, il est « anecdotique », même si en finissant le livre il est plutôt bouleversant et permet à JKR de finir le livre en toute beauté.
En terminant la lecture, une impression singulière d’avoir pu espionner des vies nous parvient, on se dit qu’on aimerait en savoir plus, mais non c’est fini. C’aurait pu être d’autres personnes, mais c’était eux. JKR réussi donc son pari d’écrire un roman pour les adultes. En attendant son prochain en espérant qu’il soit encore meilleur.