L’aventure d’Omphale et de Dex se métamorphose légèrement, passant du cheminement philosophique à la petite balade champêtre et positive. Rien de bien dramatique en soi, mais le récit perd de fait un peu d’intérêt et de profondeur par rapport au premier tome. On est d’abord ravi de retrouver les deux personnages principaux : attachants, intelligents, humains, on prend grand plaisir à continuer de suivre leur avancée. Becky Chambers tente à nouveau de semer quelques graines de politique et de philosophie. Le robot découvre le système monétaire et son principe communiste de galets ou bien se pose la question de l’apparition de la conscience chez les robots et chez les humains. On touche à ces moments à ce qui faisait la force de Psaume pour les Recyclés sauvages.
Mais là, où le premier tome brillait par son approche light de la philosophie, le deuxième paraît un peu plus superficiel, et fleurte avec le nian-nian à certains rares moments. Les discussions entre les deux protagonistes sont plus convenues, vont chercher un peu moins loin, et on ressent moins les questionnements existentiels de Dex notamment. Je confesse également avoir eu un léger sursaut réac le moment où Dex détaille à Omphale sa famille recomposée à base de polyamour. A trop vouloir imaginer un monde utopiste et progressiste, Becky Chambers finit par avoir la plume un peu lourde sur certains détails.
Les péripéties ne sont malheureusement pas super passionnantes non plus. Le livre étant très court (114 pages), chaque chapitre s’attarde sur une région en se centrant généralement sur un habitant qui illustre par son caractère ou sa manière de vivre cette même région. Je pense notamment au pêcheur des villages côtiers qui compare avec Dex sa conception jusqu’au boutiste de l’écologie.
Mais le tout est bien trop rapide pour vraiment donner corps à cet univers. Les quelques descriptions du monde servaient avant tout de toile de fond pour centrer notre attention sur Omphale et Dex dans le premier tome. Le parti pris d’étoffer cet univers ne fonctionne que moyennement ici. Chaque région étant trop survolée, trop peu palpable pour réellement exister.
Mais il est difficile de juger trop durement cette petite histoire mignonne. Lorsqu’Omphale rencontre pour la première fois un nourrisson, il faut avouer que la magie fonctionne tout de même. Une prière pour les cimes timides n’est pas aussi profond que la première aventure, mais dur de résister à ce duo de héros attachant, touchant et finalement très humain.