On est en Mayenne, à une époque pas clairement définie (je dirais les années 1960/70). 6 amis se relaient pour visiter la maison de leur couple d'amis décédés. Ils avaient promis de faire vivre la maison de leurs amis décédés pour faire comme s'ils étaient toujours là, pour se souvenir, pour que l'âme des défunts s'attarde parmi eux. Ils vont tenir leur serment pendant 10 mois puis certains vont abandonner leur promesse... obligeant le groupe à réfléchir à la meilleur façon de continuer à faire son deuil et se souvenir.
L'histoire est simple. Quelques rebondissements liés à la construction du récit qui n'est pas linéaire ni chronologique mais rien de très élaboré. La construction des personnages est à la limite du caricatural. Le style est pénible. On dirait du Anna Gavalda transposé en milieu rural. Les personnages ont tous "un caractère bien trempé" et la "vie n'a pas été tendre avec eux" mais ils ont aussi tous "le coeur sur la main" et ils "se serrent les coudes".
Et pourtant... cela reste une belle réflexion sur le deuil. Est-ce qu'il faut maintenir à tout prix en vie le souvenir de ceux qui nous ont quittés ? Et si oui, comment ? Ou vaut-il mieux préférer la vie et se tourner vers l'avenir et les vivants ? La réponse est finalement trouvée par les 6 amis, notamment grâce aux poèmes qui émaillent le récit. Et finalement, ce récit est plus nourrissant et apaisant que l'Année de la pensée magique de Joan Didion sur le deuil. Sur le même thème, je conseille également la lecture de "Avant que j'oublie" d'Anne Pauly.
Mon préféré - de Charles Peguy:
« La mort n'est rien : je suis seulement passé, dans la pièce à côté.
Je suis moi. Vous êtes vous.
Ce que j'étais pour vous, je le suis toujours.
Donnez-moi le nom que vous m'avez toujours donné.
Parlez-moi comme vous l'avez toujours fait, n'employez pas un ton différent.
Ne prenez pas un air solennel ou triste.
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Priez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été, sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre.
La vie signifie tout ce qu'elle a toujours été. Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de vos pensées, simplement parce que je suis hors de votre vue ?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin. »