Pour le vulgaire, la profondeur est incompréhensible. De là vient
peut-être l'admiration du peuple pour tout ce qu'il ne comprend pas.
Roman politique, roman historique, roman de procès, roman d'espionnage et roman... eh oui, eh oui... policier (quasi en même temps qu'Edgar Allan Poe de l'autre côté de l'Atlantique... l'air de rien !!!), pas le plus connu des romans d'Honoré de Balzac que cette Ténébreuse Affaire, mais pourtant pas un des plus inintéressants, au contraire...
Déjà la combinaison des genres sur moins de 250 pages ne peut pas donner un ensemble pouvant laisser indifférent. Mais additionner cela à une autre combinaison, cette fois de paradoxes, on a le droit à de longues descriptions balzaciennes mais dans le même temps dès les premières lignes on est dans le feu de l'action, et l'ensemble est parfois confus (et si on n'a pas quelques connaissances du contexte historique trouble dans lequel se déroule l'action du roman, là on ne peut qu'être carrément largué !!!) dû en partie à une écriture serrée, pourtant on est happé du début à la fin, là ça devient vraiment intrigant.
Du fait de cette confusion et de cette écriture serrée, tous les personnages ne sont pas bien fouillés ;
certains étant même carrément insignifiants à l'image des nobles jumeaux... Mais dans la fiction, on a tout le même le droit à deux beaux "morceaux", à travers Michu, domestique d'une famille noble ayant l'allure d'un jacobin acharné et féroce mais en fait dévoué à la famille nobiliaire qu'il sert, et Laurence de Cinq-Cygne, royaliste acharnée légèrement badass sur les bords mais dont la haine farouche pour l'Empereur, ou le pas loin d'être empereur, a tendance à l'aveugler et à lui faire considérablement manquer de pragmatisme. Et en toile de fond, on aura quelques silhouettes créées par la réalité à travers Napoléon et surtout les deux redoutables prédateurs politiques qu'étaient Fouché et Talleyrand.
Ah oui... aurais-je omis de dire que le contexte historique est celui du début du tout début du XIXe Siècle, où le consul Napoléon Bonaparte n'allait pas tarder à mettre lui-même sur sa propre tête la couronne impériale ; où on a les bonapartistes, les royalistes modérés, les royalistes pas du tout modérés, et bien sûr ceux qui s'adaptent à tout... Eh bien, on va naviguer avec tout ce joli petit monde.
Bien qu'imparfait (l'ensemble y aurait gagné à faire cent pages de plus pour mieux creuser les personnages et être un peu moins confus !!!), j'ai dévoré du début à la fin cette oeuvre de l'auteur de La Comédie humaine.