Un mauvais pastiche de Houellebecq

Mouais. Premier roman conseillé par Laurent Chalumeau au Masque et la Plume, Une trajectoire exemplaire est assez désagréable. La trame est connue : le jeune narrateur est l’énième avatar du perdant magnifique / clochard céleste, cynique au dernier degré, oisif, détaché de tout, alcoolique, sale, mais amateur de littérature. Peut-être que le problème vient de mon inculture : je n’ai lu aucun des nombreux auteurs américains qu’il cite (Jim Thompson, Bukowski, John Fante…). Puisque j’ai quand même des références, je dirais que ce roman ressemble à un très mauvais pastiche de Houellebecq. Comparé à la flamboyance et au brio de Marc, autre premier roman post-houellebecquien, celui-ci fait bien pâle figure. On se fout complètement de ce narrateur désabusé qui boit, fume et est odieux avec tout le monde pour passer le temps. Ah oui, et il tue des gens sans raison, rappelant l’inévitable Étranger – il serait peut-être temps de passer à autre chose. La forme du journal / blog écrit à la deuxième personne n’est pas convaincante non plus.

L’usage dans la critique littéraire est de ne pas dire de mal des premiers romans. Doit-on s’y astreindre aussi ici ? Dans le doute, je dirais quand même qu’il y a une phrase qui m’a bien plu (mais ça ne fait pas beaucoup) et que je vous reproduis :

Cette aventure ferroviaire te rappelle ce matin, ou hier après-midi, ou tout à l’heure (ce qui est pénible avec l’alcoolisme, c’est cette manie qu’on a de se transformer en personnage de Modiano). (p. 64)