J’ai vu mille fois la couverture de ce livre sur les différents réseaux, mais, ne lisant pas beaucoup de contemporain, je n’ai pas sauté le pas, jusqu’à ce que l’on me le conseille sur un forum. J’ai bien fait de me lancer. Il faut dire que j’avais, depuis près d’un an, très peur des pavés, n’ayant réussi à en finir presque aucun depuis tout ce temps, le dernier étant Dune début 2022.
C’est un livre riche, qui comporte de nombreux personnages ayant tous une personnalité très définie et une histoire. De plus, leurs activités sont décrites avec précision, comme si l’autrice avait un pied dans tous les domaines. Cet aspect m’a fait penser à Shakespeare et son érudition. C’était agréable de lire et de découvrir tant de choses. Je pense aussi à JB, dont toutes les expositions ont un nom et une « intrigue », comme si les tableaux de ces séries avaient effectivement été réalisés et visibles devant nous. On aurait peut-être pu voir davantage Malcolm. Willem est très attachant.
Mais Jude. Parlons-en, de Jude. Ce personnage, sans trop en dire, en a bavé (euphémisme, bien sûr), mais cela n’arrête jamais : l’autrice fait une telle gradation dans la douleur que l’escalade en devient vomitive. Tout ou presque est vu du point de vue de Jude, qui ne s’apprécie pas beaucoup, c’est pourquoi on ne tombe jamais dans le pathétique ni dans la plainte, mais cela devient parfois agaçant et l’on approche du manque de réalisme, qui tranche avec le reste du livre et des personnages qui sont très justement détaillés. Je me doute bien que de telles histoires existent, ce n’est pas le souci, mais le traitement qui en est fait me paraît parfois éloigné de la réalité.
Heureusement, il y a quelques moments d’éclaircie, mais j’ai l’impression qu’ils ne sont là que pour mieux amener le lecteur et la lectrice dans les tréfonds de la souffrance, aux limites du supportable. Toutefois, la fin est parfaitement dans le ton, on s’y attend, on y est préparé, très bien.
Ce que j’ai également apprécié, c’est le traitement de l’homosexualité de certains des personnages : c’est abordé de manière très naturelle, et j’ai été très heureux de voir que le tragique ne se situe pas de ce côté-là, comme si, enfin, on pouvait traiter cela de manière calme, presque à distance, comme quelque chose de secondaire.
Je suis content d’avoir lu ce livre, car il me réconcilie avec la longueur et la patience de suivre une histoire qui se développe (parfois trop) lentement.