Publié sur L'Homme qui lit :
Cinquante cinq ans après la publication de son premier et seul roman, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (« To Kill a Mockingbird« ), Harper Lee a fait son grand retour dans les librairies du monde entier avec une suite à son roman désormais culte, où l’on retrouve les personnages vingt ans plus tard. L’histoire veut que l’avocate d’Harper Lee, vivant désormais diminuée en maison de retraite, aurait retrouvé en 2014 ce roman écrit avant Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur dans les archives de l’auteur, les éditeurs n’ayant à l’époque pas souhaité le publier. Hier, l’institut Nielsen a rendu publics les chiffres des ventes de livres aux USA pour 2015, et avec 1,6 millions d’exemplaires vendus depuis le mois de juillet, ce roman très attendu est arrivé en tête des ventes.
Va et poste une sentinelle (« Go Set a Watchman« ) nous ramène donc à Maycomb, Alabama, où l’intrépide petite Scout est désormais Jean Louise Finch, une jeune new-yorkaise de 26 ans venue passer quelques jours auprès de son père vieillissant. Du temps a passé depuis son enfance agitée, un drame a touché sa famille, et son père qui commence à se faire vieux prépare sa succession au cabinet.
Ces retrouvailles avec la ville qui l’a vue naître se font dans un climat particulier, le pays étant en proie au déchirement autour de la question raciale, et l’Alabama étant particulièrement favorable à la ségrégation devient source d’incompréhension pour cette jeune idéaliste vivant désormais dans un immense melting-pot ethnique.
Pour notre jeune héroïne, ce séjour ce en quelque sorte initiatique, puisque c’est à cette occasion qu’elle découvrira que ce père qu’elle a toujours idéalisé comme un grand égalitarisme n’est en fait peut-être pas tellement différent de tous les autres habitants de la ville.
Ce roman est assez paradoxal. J’imagine qu’il a dû procurer un sentiment heureux chez celles et ceux qui avaient lu il y a longtemps Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, les retrouvailles quelques années plus tard avec des personnages littéraires nous inondant souvent d’une forme de nostalgie. Pourtant, Va et poste une sentinelle m’a moins passionné, m’a semblé plus brouillon, son message et sa portée me paraissant moins universels. S’il fut pourtant un agréable moment de lecture, je ne pense pas qu’il s’imposera à son tour comme un grand classique.