Chère Virginie,
Je t’aime de base pour avoir dit dans le premier podcast de Les Couilles sur la table de Victoire Tuaillon qui t’est consacré (un lien ici, à 20 min 47 sec)
«Moi en tant que meuf blanche, j’ai pas envie d’être une connasse. Ça veut pas dire que je vais y arriver à chaque fois parce que de toute façon c’est ce que je suis [NB: une meuf blanche, pas une connasse!] et j’ai à trimbaler ce que j’ai à trimbaler, mais si tu me demandes, je veux bien prendre cinq minutes pour réfléchir à essayer de pas être une connasse».
Mais revenons à nos Vernon:
De tes romans, je croyais savoir que c’était sexe, drogues, rock n’roll, et c’est exactement la trinité qui en général ne me branche pas dans la littérature.
On m’a offert la trilogie. Ah ça, sexe, drogues, rock n’roll, on est servi, littéralement (littérairement). Mais ça décolle bien vite tellement au-delà! Je ne comprends toujours pas, Virginie, comment tu as pu donner corps à autant de vies si diverses. À autant de foisonnement de pensées, et d’humanités et de comportements si crédibles, si incroyablement crédibles. À la lecture, je ne me suis jamais dit (presque jamais…) que ça ne collait pas, le fait que telle personne se livre à telle action, ou que c’était trop artificiel, le fait que tel incident se produise à tel moment (la succession de portraits va de paire avec une intrigue, sisi): tout coule, tout s’imbrique, lentement, et ça marche.
Le plus scotchant c’est qu’à force d’étoffer ces portraits, mot après ligne après paragraphe, tu arrives à camper des gens (souvent) ni entièrement aimables ni (en général) irrémédiablement à fuir. Et j’ai aimé ce gris.
(Subitement je me dis qu’on n’a pas vu dans la tête d’Olga, et subitement ça me manque beaucoup).
Virginie, je t’aime, même si tu écris service publi que, même si tes changements de temps heurtent la lecture, mais si je trouve que la conception des relations entre les hommes et les femmes que tu déploies chez tous tes personnages est désolante. Je t’aime pour, en dépit de tout, la douceur (¿¿‽!?) qui émane de toute cette saga. Je t’aime enfin pour ces petites phrases plantées ça et là, comme:
– Les choses ont changé. À notre époque, si on aimait faire chier le monde, on faisait du X, mais aujourd’hui porter le voile suffit. [t.1, p. 201 version de poche].
ou
Des gens, comme lui, qui se disent que si l’on doit hiérarchiser les problèmes, l’aide consentie aux banques après la crise boursière de 2008 a des conséquences plus graves et plus difficiles à gérer que l’arrivée de quelques milliers de réfugiés à répartir dans le pays. [t.3, p. 328 version brochée, merci pour ce mot, Guyness!]
Virginie, viens, on se prend comme ami·e sur Facebook.