« Vigile » est un premier roman haletant, dont la coloration mythologique vient éclairer le témoignage suffocant d’une femme piégée dans une situation interdite, suspendue. L’auteure plonge dans ses entrailles vertigineuses, et parcourt son propre Enfer pour y reconquérir son amour, son Eurydice, à qui l’on a fait la sentence d’une mort certaine. C’est à l’aide d’une plume singulière et très prudente que Hyam Zaytoun confesse l’histoire d’une détresse et un état d’urgence qui ne compromettra pas sa détermination et sa fidélité envers l’homme qu’elle aime. Le récit, pudique, narre un temps figé dans lequel le·a lecteur·rice est capturé·e, captivé·e. Chaque mot lacère et coordonne une pulsation sur laquelle le coeur du·de la lecteur·rice se greffe et dont la respiration est convulsive. Pourtant pétri de doute, « Vigile » est un roman qui rattrape l’espoir et expose une tessiture de l’amour inébranlable. Pour autant, si la maîtrise émotionnelle dont fait preuve la narratrice permet d’échapper au narcissisme, elle freine, selon moi, un véritable mouvement vers le·a lecteur·rice dont l’éclosion totale dans l’histoire peut parfois être mise en péril.