C’est avec un regard d’enfant que j’avais pour la première fois lu – et adoré – ce roman. C’est désormais avec des yeux d’adultes que je le relis et le commente.
[ATTENTION SPOILERS]
L’histoire écrite à la première personne du singulier relate les aventures d’Axel (le narrateur) neveu d’un savant qui découvre un mystérieux parchemin le menant au centre de la Terre. Le roman étant très court (392 pages seulement) je déplore la longueur que met l’histoire à démarrer. En fait ce n’est pas tant le voyage jusqu’à l’Islande qui pose problème, c’est surtout la vitesse à laquelle la fin a été expédiée. Au final, le livre comporte plus de trajet jusqu’au centre de la Terre que de réelles péripéties dans le centre de la Terre. Il y avait pourtant de quoi faire, car l’auteur ne manque pas d’imagination ! Le grâal, le tant attendu centre du globe n’est atteint que très tard dans le roman, et il semble avoir été bâclé. Il y avait pourtant un énorme potentiel. J’en attendais plus de la forêt de champignons géants, du combat de monstres marins, de cet humain géant … non vraiment. L’auteur nous expédie en quelques lignes que des êtres humains géants semblent vivre là et … c’est tout ? Fini ? Rien de plus sur eux ? Comment on peut passer si vite sur un tel sujet ? Chaque aventure laisse un goût de trop peu … chaque épreuve semble peu importante tant elle est vite résolue et expédiée, comme si l’important du livre n’était pas là, comme s’il était à venir … alors qu’il ne vient jamais. Le scenario est tout de même prenant et intéressant ! Seulement voilà, on reste un peu sur notre faim.
Le style de Jules Verne est agréable, il nous restitue les fantastiques décors du centre du globe, et nous plonge dans son ambiance avec efficacité. Bien qu’un peu trop scolaire à mon goût – notamment les interminables descriptions géologiques – l’écriture reste remarquable. Les actions s’enchaînent avec facilité et la lecture est fluide. Je me rappelle avoir été subjuguée par les descriptions des paysages, de la faune et de la flore du centre de la Terre. Mais aujourd’hui avec le recul, même si je les trouve appréciables, je me suis sentie moins envoûtée.
En ce qui concerne les personnages de ce roman, je les ai trouvés bien faibles ! Leur personnalité n’est que très peu développée, et très caricaturale. Lidenbrock n’est qu’un homme impatient et un peu colérique, rarement attendri. Axel a beau être le narrateur, je ne me suis sentie aucune affinité avec lui. À part geindre et contredire son oncle il n’est pas très utile, et je ne lui ai pas beaucoup trouvé d’intérêt. Quant à Hans, c’est l’absence de personnalité à son paroxysme : mutisme et obéissance. Ce manque de développement de la psychologie des personnages ne gêne sans doute pas les enfants – pour ma part j’étais surtout intéressée par l’aventure – mais désormais ce genre de détail me chagrine un peu.
Pour son écriture plaisante, son histoire originale et prenante et le parfum d’aventure et de magie que Jules Verne a sû nous insuffler, j’ai aimé et je recommande ce roman. Malgré ses défauts, il lui reste de nombreuses qualités, qui en font un incontournable de la littérature.