2e roman de Stevenson, auteur écossais derrière 'L'île aux trésors' et 'De Jekyll & Mr Hyde' parmis les plus connus, il nous relate ici son voyage le plus simple mais peut-être le plus ludique : sa randonnée de plusieurs jours accompagné d'un âne au milieu de la France qui aura, vous l'aurez su, inspiré le film 'Antoinette dans les Cévennes' qui aura valu à Laura Calamy son César de la meilleure actrice il y a 2 ans.

Si le film était plus palpitant, justement c'est tout l'intérêt du film : l'ennui du voyage. L'ennui fait parti de tous les voyages et est ici sublimé, pour nous dire qu'on ne compte même plus les distances en unité de distance mais en unité de temps. On ne dit plus "c'est à tant de km" on dit "c'est à tant de temps en avion, en train ou à vol d'oiseau".

Les notes de Stevenson nous relatent sa thérapie en pleine révolution industrielle, il vit son périple en 1878 et publie son histoire en 1879, c'est l'époque du chemin de fer et du bateau à vapeur, tout va toujours plus vite et ça n'a jamais été aussi vrai qu'aujourd'hui à l'ère du métro, de la fusée et de l'hyperloop, on veut gagner toujours plus de temps et on ne profite plus de rien.

Modestine, c'est le nom de l'âne, permet à Stevenson de retrouver sa liberté de vivre sans la pression de l'aiguille, celles d'une montre, l'aiguillage du train lui permet de prendre une autre direction : celle de l'insouciance et de l'innocence de l'âne. Celle qu'il déteste premièrement mais qui en prenant les chemins les plus longs et le pas le plus lent lui permet d'apprécier son voyage et de se relier à la nature et à son rythme, loin du rythme de l'industrie.

Il profite du temps au temps du profit, celui du gain de temps par appât du gain, comme le montre dernièrement le film 'Unrueh' (traduit en français par 'Désordres') dépeignant à la même époque les débuts du capitalisme et l'envie de gagner du temps pour gagner de l'argent, les débuts de l'expression "le temps c'est de l'argent" que Stevenson renie et s'attache à Modestine car elle lui permet de trouver de l'apaisement dans ce temps.

Bien que les notes qu'il prenne soient au final assez anecdotiques et ne décrivent amplement pas les Cévennes et la civilisation de son époque justement ce moment perdu dans le temps dans cette campagne française lui resteront en mémoire au moment où il quittera Modestine qui, finalement après l'avoir fatigué, lui aura enseigné le repos.

Cinecrologie
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le 27 mai 2023

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