Voyages de Gulliver par Pierre Marot
Au travers de 4 voyages, Swift essaie de dépeindre la société anglaise du XVII.
C'est souvent bien fait, parfois amusant, parfois touchant de naïveté, parfois une critique féroce des sociétés occidentales au travers du prisme des civilisations inventées par Swift.
La première partie, Lilliput, la plus célèbre je crois, n'est pas forcément la plus pertinente. On passe d'une utopie (l'éducation des enfants, la primauté de la vertu sur la compétence...) à un régime moins sympa (quand le roi de Lilliput veut envahir son voisin et éradiquer les rebelles…). On passe un bon moment avec Gulliver, mais sa critique ne vise pas très juste.
La deuxième partie contient peut-être la critique la plus pertinente, quand Gulliver doit décrire l’Europe et l’Angleterre aux habitants de Brobdingnag ; l’Occident y semble barbare, obsédé par la guerre et la destruction, et la pratique du droit complètement absurde. Les malheurs de Gulliver nous touchent, on a envie de savoir comment il s’en sortira.
Le troisième voyage est moins pertinent. Des petites vignettes par-ci par-là, pas tellement développées à chaque fois, pour critiquer… Quoi ? Les ingénieurs sans sens commun ? Les musiciens ou mathématiciens tellement dans leur rêverie qu’ils en oublient le monde autour d’eux ? La critique est trop grosse pour qu’on puisse la suivre. Même chose quand il critique le rêve de l’immortalité ou qu’il revisite à sa sauce le conflit ancien contre moderne. Mais ces vignettes sont courtes, on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Et le dernier voyage… le plus bizarre. On reprend les éléments de la critique de la société anglaise, on continue même dans une critique de l’humanité ; et pendant ce temps, on a bien du mal à voir comment fonctionnent les Houyhnhnms et donc la critique semble passer à côté de sa cible ; si au moins la société des chevaux nous paraissait, même vaguement, crédible, la critique pourrait sembler pertinente, mais là…
Il est à la fois logique (parce que le narrateur va plus loin dans sa réflexion que dans les autrres voyages) et dommage que le livre s’arrête sur ce dernier voyage ; les deux premiers sont vraiment intéressants, le dernier fait un peu redite.
Mais rien qui ne gâche réellement l’oeuvre avec lequel on passe un bon moment.