Comment peut-on être un vétéran à seulement 20 ans et des poussières, fussent-elles celles du sable du désert ? Kevin Powers a combattu en Irak et son roman Yellow Birds transpire d'authenticité et de réalisme mais ce n'est pas ce que l'on retiendra d'abord, loin de là. Le livre vaut avant tout pour ses qualités littéraires, un lyrisme sec et sobre qui fait ressentir l'horreur (physique) et la douleur (morale) avec une acuité stupéfiante. Impossible de dire si Kevin Powers saura poursuivre son oeuvre de romancier sur d'autres terreaux car ici la matière première il l'a trouvée dans sa propre expérience mais Yellow Birds n'est pas un documentaire, le roman est habilement agencé entre différents temps, pendant et après les combats, et son aspect de thriller mental surpasse tous les suspenses du monde. Les ravages de la guerre, d'un point de vue psychologique, nombre de livres ont abordé le sujet, Powers les évoque avec une puissance contenue et une poésie délétère qui forcent le respect. Les cauchemars hantent les rescapés. Les morts, eux, ont cette "chance" de ne plus rêver à rien.